Témoignages Gaza : poursuivre ou arrêter la guerre, les Israéliens se déchirent sur la stratégie à adopter pour libérer les derniers otages

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé début février une offensive sur Rafah, ville du sud de Gaza où se trouvent plus de 1,3 million de déplacés palestiniens.
Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants demandent la libération des otages israéliens devant la Knesset, à Jérusalem, le 15 janvier 2024. (AHMAD GHARABLI / AFP)

Ils veulent maintenir la pression sur leurs dirigeants, mais ne sont pas tous d'accord. Des proches d'otages et de disparus israéliens ont monté un campement devant la Knesset, le parlement israélien, à Jérusalem. Alors que les pourparlers reprennent, mardi 13 février, au Caire en Égypte, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a clairement choisi la manière forte. La libération de deux otages, lundi matin à Rafah, renforce sa position. Cette ville du sud de la bande de Gaza où se sont réfugiés plus de 1,3 million de Palestiniens est la prochaine cible de l'armée israélienne, a annoncé début février le Premier ministre israélien.

Le président américain Joe Biden, lui, affirme qu'une pause "d'au moins six semaines" à Gaza est en discussion. Comme pour l’allié américain, certains membres du cabinet de guerre israélien demandent à revenir sérieusement à la table des négociations.

"Les deux otages ont été libérés grâce à une opération militaire"

Israël est divisé, les familles d'otages aussi. Rony a perdu sa nièce au festival Supernova de Réïm, le 7 octobre lors de l'attaque éclair du Hamas. Elle s'appelait Rotem et avait 25 ans. "L'intérêt de Bibi, ce n'est pas la libération des otages", affirme Rony en appelant Benyamin Netanyahou par son surnom "Bibi". À sa gauche, derrière une barrière, Michal s'emporte : "Au lieu de rester planté là, va au poste frontière de Kerem Shalom et bloque l'aide pour le Hamas." Son petit ami Ethan est otage du Hamas depuis 130 jours.

Rony et Michal partagent la même peine, mais ont des avis différents. Le ton monte : Michal veut que la guerre continue, même si Ethan et d'autres otages pourraient ne pas survivre. "Je suis ici aujourd'hui à la Knesset pour expliquer que seule la pression sur le Hamas fera revenir les otages et c'est ce qui s'est passé" lundi, affirme l'Israélienne. "Les deux otages ont été libérés grâce à une opération militaire et ils ont été arrachés des mains du Hamas."

Des doutes sur la stratégie de Benyamin Netanyahou

Rony, lui, ne reverra jamais sa nièce, mais il continue de se battre pour les autres otages et contre Benyamin Netanyahou. Il accuse le Premier ministre israélien de continuer la guerre pour se maintenir au pouvoir et échapper à la justice. "Je ne dis pas que la pression militaire ne sert à rien, il n'y a sans doute pas le choix", reconnaît Rony. "Ça fait quatre mois qu'on est en guerre et on est très heureux d'avoir réussi à libérer [lundi] deux otages, mais est-ce que plus de pression militaire pourra nous ramener les 134 restants ?" s'interroge-t-il. Pour lui, "on sait que ce n'est pas le cas" puisque "Gadi Eizenkot (un membre du cabinet de guerre de Netanyahou) l'a reconnu lui même : [les otages] ne reviendront pas vivants si on continue comme ça."

Gadi Eizenkot, qui est un ancien chef d'état-major, a perdu son fils et son neveu à Gaza. Dans une interview mi-janvier, il s'était opposé à Benyamin Netanyahou et avait demandé une nouvelle trêve.

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