Reportage "Quand le Hezbollah a envie, il peut nous tirer dessus" : à la frontière avec le Liban, la ville israélienne de Nahariya se prépare à une attaque massive
Depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre, le Hezbollah a ouvert au nord d’Israël un nouveau front, lançant chaque jour des roquettes sur le territoire israélien. À une poignée de kilomètres du Hezbollah, la cité balnéaire de Nahariya fait partie de ces villes que l'État hébreu essaie de développer en y attirant des nouveaux arrivants. La semaine dernière, une attaque de drones y a fait un mort et 17 blessés. Entre résilience et résistance, la ville, visée encore par des roquettes dans la nuit du lundi 12 août, se prépare à une attaque d’ampleur.
Quelques baigneurs et un surfeur sont à l'eau, tandis que des pécheurs et un homme se trouvent sur la jetée, face à la mer. Il s’appelle Arié et travaille pour la mairie de Nahariya à l’accueil des francophones : "Si on jette notre regard en direction du sud, la grande montagne, là, c'est Haïfa. Une ville complètement stratégique qui sera la première à être visée par le Hezbollah parce que c'est là-bas qu'on a le port militaire, des raffineries, des centrales électriques et des usines d'armement, assure-t-il. Si on se retourne et qu'on va en direction du nord, là, on voit aussi une montagne. La frontière libanaise est à 9 km. Quand le Hezbollah a envie, il peut monter et nous tirer dessus, c'est ce qu'il se passe régulièrement."
La semaine dernière, une attaque de drones lancés sur la ville a tué une personne et blessé 17 autres. Ici, on se souvient du commando venu par la mer en 1979, qui a tué quatre personnes, dont deux enfants. La guerre de 2006 et sa pluie de missiles est dans les mémoires, tout comme la crainte d'infiltrations terrestres similaires à Gaza. Avec ses plages et ses avantages fiscaux, en raison de sa proximité avec le Liban, la ville ne cesse d’attirer des étrangers venus faire leur aliya, l’immigration en Israël.
De nouveaux arrivants qu’il faut rassurer. Sur la plage, des cubes en béton ont été installés, des "migouniot", des abris en cas d'attaque. "Là, on pénètre dans une espèce de mini-labyrinthe en béton, il fait très chaud, il n'y a pas d'air, on suffoque, mais on doit rester là pendant 10 minutes en cas d'alerte, au minimum", détaille Arié, responsable de l’accueil des francophones à la mairie de Nahariya. Au lendemain de l’attaque du Hamas du 7 octobre, la municipalité a financé la construction et la rénovation de tous les abris publics ou privés, collectifs comme individuels.
"On met de l'eau, de quoi manger, de quoi tenir trois jours, une semaine, en cas de coupure électrique, d'eau, ou encore en cas d'attaque..."
Arié, employé à la mairie de Nahariyaà franceinfo
Sur la place de la mairie, à l’ombre d’un parasol, Arie Shosky est arrivé de Paris juste après la Deuxième guerre du Liban en 2006. "J'ai un abri avec des toilettes, un frigidaire, deux lits. Je descends quand il y a vraiment plusieurs sirènes consécutives", décrit le vieil homme, fataliste et malgré tout souriant. Si le Hezbollah lance l’attaque massive qu’il promet sur Israël, Arie le sait : Nahriya ne sera pas évacuée par l’armée. En attendant, ses 75 000 habitants font le choix, conscient, de rester.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.