: Reportage "Elle est triste, très triste, ma ville" : Jérusalem, désertée par les touristes, s'emmure dans une tension quasi permanente
Après six semaines de guerre entre le Hamas et l’armée israélienne, la ville de Jérusalem s’emmure dans une tension quasi permanente. La vieille ville, véritable mosaïque culturelle et religieuse, est déserte, comme morte, dans l’attente d’une suite à cette guerre. Le silence qui règne à la basilique Sainte-Anne pourrait en faire un véritable havre de paix s’il n’était pas dû à la guerre.
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Le lieu accueille 3 000 visiteurs par jour en temps normal. Ce jour-là, à la mi-journée, personne n’est venu. Joséphine n’est ni une touriste, ni une habitante de Jérusalem mais elle revient dans la ville où elle a longtemps habité. Cette Anglaise a guidé des centaines de pèlerins. "J'ai vécu ici pendant dix ans, raconte-t-elle. J'ai vécu la première et la deuxième intifada. Mes pieds connaissent par cœur le chemin. Aujourd'hui les visages sont fermés, parler aux gens est anxiogène. Les gens ont peur de ce qui peut arriver ensuite."
Des commerces fermés ou désertés par les clients
On peut compter sur les doigts d’une main les commerces ouverts sur la via Dolorosa, l’une des voies les plus empruntées de la vieille ville car c'est ici que se trouvent les quatorze stations du chemin de croix. La ruelle est vide et silencieuse. Seuls les chats de gouttière y trouvent leur compte. Le magasin de souvenirs et d’antiquités d’Hassan est resté ouvert mais cela fait cinquante jours depuis la venue de son dernier client. Il explique : "C'est ma ville, elle est différente de toutes les autres villes du monde parce que chacune de ces pierres a une histoire. Elle est triste, très triste ma ville. Et moi aussi je suis triste."
"Je voudrais plaisanter, je voudrais sourire mais je ne peux pas. Ce n’est pas facile de sourire, pas facile..."
Hassan, habitant de Jérusalemà franceinfo
Comme Hassan n’a aucune rentrée d’argent depuis plus d’un mois, il n’utilise plus sa voiture, il prend les transports publics. Mais il veut malgré tout rester ouvert, contrairement à Taïssir qui a fermé son restaurant. "À qui j’ouvrirais ?, demande-t-il. C’est vide. Même pendant le Covid, il y avait encore de la vie mais là ce n’est pas la vie, c’est la guerre. Je ne veux pas de cette guerre, ce n’est pas la mienne. Les leaders doivent s’asseoir autour de la table et faire la paix. Ils se battent au nom de Dieu. Mais Dieu ne connaît pas la guerre !" Devant le restaurant de Taissir, une patrouille de la police israélienne est stationnée. Elle le contrôle avant de retrouver sa place permanente, juste en face de son commerce.
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