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Guerre entre Israël et le Hamas : trois choses à savoir sur les prisonniers palestiniens qui doivent être échangés contre des otages

Le ministère de la Justice israélien a publié une liste de 300 noms de Palestiniens libérables dans le cadre d'un échange avec des personnes prises en otage lors des attaques du Hamas le 7 octobre.
Article rédigé par franceinfo
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Des soldats israéliens aux côtés de Palestiniens les yeux bandés, le 19 novembre 2023 dans la bande de Gaza. (MAHMUD HAMS / AFP)

Israël et le Hamas ont annoncé, mercredi 22 novembre, la conclusion d'un accord prévoyant la libération de 50 otages retenus depuis les attaques terroristes du 7 octobre, en échange de 150 prisonniers palestiniens et d'une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza. Le nom des otages concernés n'a pas encore été dévoilé, et on ignore par exemple si des ressortissants français toujours portés disparus seront libérés par le Hamas.

Le ministère de la Justice israélien a, de son côté, publié mercredi une liste de 300 noms de Palestiniens libérables (267 jeunes hommes et 33 femmes). Il anticipe ainsi une potentielle seconde phase d'échanges. Voici trois choses à savoir sur ces prisonniers qui pourraient être échangés contre des otages.

1 Plus de quatre noms sur dix sont ceux de prisonniers mineurs

Le registre contient surtout le nom d'adolescents et de jeunes hommes, condamnés pour violences ou en attente d'un jugement. Dans le détail, 124 des 300 personnes inscrites dans ce document ont moins de 18 ans (41%), et cinq d'entre eux n'ont que 14 ans.

Le ministère de la Justice israélien relie 62 noms au Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Pour 29 autres noms, un lien est établi par la justice israélienne avec le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Vingt-huit personnes sont liées au Jihad islamique, quatorze autres au Front populaire de libération de la Palestine et trois au Front démocratique pour la libération de la Palestine, selon les autorités israéliennes. Les autres prisonniers n'ont pas d'affiliation renseignée.

La liste ne comprend aucun prisonnier reconnu coupable de meurtre. Les chefs d'inculpation et les accusations balaient un spectre très large, allant du jet de pierres ou d'objets incendiaires jusqu'aux troubles à l'ordre public, en passant par le "soutien au terrorisme", les "atteintes à la sécurité", la possession d'armes à feu ainsi que les tentatives de meurtre. Enfin, aucun de ces détenus n'a la nationalité israélienne, mais 78 possèdent une carte de résident. 

2 Plus de 10% de femmes dans cette liste

Au total, 33 femmes figurent également dans cette liste, soit un peu plus de 10%. Elles sont détenues, le plus souvent, pour des attaques à l'arme blanche. Certains cas ont ainsi fait tiquer la presse israélienne. Le quotidien Haaretz signale la présence de Misoun Mussa, condamné à 15 ans de prison en 2015 pour avoir attaqué au couteau un soldat israélien. Autre profil repéré par le journal israélien, celui de Marah Bakeer, arrêtée en octobre 2015, à l'âge de 16 ans, après avoir poignardé un officier de la police aux frontières.

Une habitante de Jérusalem, Moriah Cohen, citée par le Times of Israel, dit avoir eu la surprise de découvrir la présence sur cette liste d'une dénommée Nafoz Hamad, son ancienne voisine âgée de 16 ans. Il y a deux ans, cette adolescente avait poignardé la mère de famille, sous les yeux de ses enfants. Jugée il y a une semaine, elle avait été finalement condamnée à douze ans de prison.

3 Des recours possibles devant la Cour suprême israélienne

Les citoyens israéliens ont 24 heures pour saisir la Cour suprême, s'ils estiment que certains noms ne devraient pas figurer sur la liste. C'est la raison pour laquelle le premier échange n'interviendra pas avant jeudi. L'association Almagor, qui défend des victimes du terrorisme, a ainsi annoncé qu'elle allait saisir la plus haute instance du pays, à qui revient le dernier mot.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s'est également élevé contre cet échange programmé, en faisant référence à un accord en 2011. Cette année-là, plus d'un millier de prisonniers avaient été échangés contre le soldat Gilad Shalit, capturé cinq ans auparavant. Parmi les détenus libérés, figuraient notamment Houssam Badran, devenu par la suite porte-parole du Hamas au Qatar, et Yahya Sinwar, leader du mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza et considéré comme l'un des organisateurs de l'attaque du 7 octobre.

Dans ce contexte tendu, la police israélienne a d'ores et déjà prévu d'empêcher les célébrations susceptibles d'accompagner le retour de prisonniers à Jérusalem-Est. Israël détient 6 704 personnes pour "raisons de sécurité", selon l'ONG HaMoked, dont une écrasante majorité de "Palestiniens issus des territoires occupés". Dans le détail, l'organisation israélienne recense, pour le mois de novembre 2023, 2 313 prisonniers condamnés, 2 321 prévenus et 2 070 détenus administratifs, qui sont placés en détention sans procès. Israël détient également 105 personnes sous le statut de "combattant illégal".

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