Guerre entre Israël et le Hamas : que contient le plan de Benyamin Nétanyahou pour gérer l'après dans la bande de Gaza ?

Article rédigé par Pierre-Louis Caron
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors d'une réunion de son cabinet à Tel Aviv (Israël) le 31 décembre 2023. (ABIR SULTAN / AFP)
Dans une feuille de route révélée jeudi soir, le Premier ministre israélien prévoit notamment de démilitariser l'enclave et de remplacer l'agence de l'ONU en charge des Palestiniens.

Des propositions pour Gaza, après plus de quatre mois de conflit. Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, a présenté jeudi 22 février, dans la soirée, à son cabinet de sécurité, un ensemble de lignes directrices pour gérer "l'après Hamas" dans la bande de Gaza, selon le document que franceinfo a pu consulter. Si plusieurs idées avaient déjà été explicitées par le chef du gouvernement de l'Etat hébreu lors de précédents discours, il s'agit du premier plan formellement présenté aux membres de son cabinet de guerre.

C'est aussi l'occasion pour Benyamin Nétanyahou de confirmer sa ligne rouge : pas de reconstruction dans l'enclave palestinienne sans "démilitarisation". Il réclame aussi une "déradicalisation" de toutes les institutions de la zone, pilonnée par l'armée israélienne depuis le 7 octobre en réponse aux attaques meurtrières du Hamas sur le sol israélien. Gestion des frontières, rôle de l'armée, coopération humanitaire... Franceinfo fait le point sur la façon dont le dirigeant israélien souhaite tourner la page de la guerre à Gaza.

Une "démilitarisation" de l'enclave

Dans son recueil de propositions, Benyamin Nétanyahou exige que la bande de Gaza soit complètement démilitarisée, à l'exception des armes qui sont "nécessaires au maintien de l'ordre public", détaille le document présenté jeudi soir. Concrètement, il s'agirait de laisser un petit arsenal réservé à une police locale dont la composition n'est pas explicitée. 

Alors que l'armée israélienne déclare presque quotidiennement avoir détruit des caches d'armes à Gaza, en plus du démantèlement supposé de 18 des 24 bataillons du Hamas, le plan de Benyamin Nétanyahou veut prolonger ces opérations à moyen terme. Le document précise qu'Israël sera chargé de surveiller la démilitarisation de l'enclave et de veiller à ce qu'elle ne soit pas violée.

Une présence militaire israélienne

Pour assurer cette mission, le Premier ministre veut garantir la "liberté d'opération militaire" de l'armée israélienne dans la bande de Gaza. En clair, Benyamin Nétanyahou estime que Tsahal doit pouvoir continuer à intervenir dans l'enclave, qu'il s'agisse de missions au sol ou dans les airs. Selon lui, ce principe doit s'appliquer indéfiniment à toute la bande de Gaza, où plus de deux millions de personnes survivent actuellement dans des conditions insalubres.

Très critiqué sur la scène internationale, le chef du gouvernement israélien maintient sa ligne dure concernant la conduite des opérations à Gaza. Face au Hamas, il considère en effet que "la pression militaire continue est une condition nécessaire à la libération des otages [israéliens]", comme l'a rapporté Haaretz

Une "zone de sécurité" le long de la frontière

Ce n'est plus un secret, l'armée israélienne effectue depuis plusieurs semaines des destructions ciblées à Gaza, dans le but de créer une "zone tampon", selon l'ONU – qui qualifie cette pratique de "crime de guerre". Malgré ces accusations, Benyamin Nétanyahou persiste et signe. Il veut en effet établir une "zone de sécurité" dans Gaza, tout le long de la frontière israélienne, et la maintenir "aussi longtemps que cela sera nécessaire".

Concernant la gestion du territoire, le plan du chef du gouvernement pousse pour un contrôle total des frontières de la bande de Gaza par les autorités israéliennes. Cela comprend aussi la bordure sud de l'enclave, "autant que possible en coopération avec l'Egypte et avec l'aide des Etats-Unis", précise le document. C'est le long de cette frontière, autour de la ville de Rafah notamment, que sont massées plus d'un million de personnes ayant fui pour la plupart le centre et le nord de l'enclave, presque totalement ravagés.

Un démantèlement de l'UNRWA

Le chef du gouvernement israélien veut en finir avec l'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Depuis plusieurs semaines, il assure que le plus grand fournisseur d'aide à Gaza a soutenu les attaques meurtrières du 7 octobre perpétrées par le Hamas et le Jihad islamique en Israël. Dans le détail, douze membres de cette agence sont accusés par l'Etat hébreu d'être impliqués dans ces massacres. Alors que l'UNRWA se trouve à "un point de rupture", de l'aveu de son patron Philippe Lazzarini, Benyamin Nétanyahou réclame le démantèlement de ses activités et la nomination d'une nouvelle agence onusienne pour s'occuper de la santé, de l'éducation et offrir des services sociaux à la population gazaouie.

Une reconstruction sous conditions

Pour finir, le chef du gouvernement israélien déclare pour la première fois que la "déradicalisation" de la bande de Gaza est une condition essentielle avant toute campagne de reconstruction. Derrière ce terme, Benyamin Nétanyahou souhaite que toutes les institutions religieuses, éducatives et sociales de la bande de Gaza soient passées au crible.

Il demande aussi à ce que l'ordre public dans l'enclave palestinienne soit confié à "des professionnels ayant une expérience en gestion". "Ces responsables locaux ne doivent pas être identifiés avec des États ou des organisations qui soutiennent le terrorisme et ne doivent pas recevoir de salaires de leur part", écrit-il, dans une référence claire à l'organisation islamiste du Hamas, qui détient le pouvoir à Gaza depuis 2007.

Sans cela, le Premier ministre israélien exclut toute autorisation d'aide extérieure concernant la remise sur pied des logements et des infrastructures du territoire palestinien. Si ces conditions venaient à être réunies, "les plans de reconstruction seront réalisés avec le financement et la direction de pays acceptables pour Israël", réclame Benyamin Nétanyahou. Ce plan doit désormais recevoir l'approbation de son cabinet de sécurité, où siègent sept ministres et deux observateurs.

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