Guerre entre Israël et le Hamas : on vous résume les tensions grandissantes et les accusations mutuelles entre l'Etat hébreu et l'ONU
Depuis les attaques du Hamas du 7 octobre, les relations entre Israël et l'ONU s'étaient déjà détériorées. Elles sont désormais exécrables. L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a assuré, lundi 4 mars, que "des centaines de prisonniers" avaient subi des mauvais traitements en détention de la part de l'armée israélienne. L'Etat hébreu, qui a immédiatement rejeté ces accusations, a de son côté accusé l'UNRWA d'employer "plus de 450 terroristes" à Gaza. Franceinfo vous résume cette nouvelle montée de tensions, alors que les pourparlers en vue d'un cessez-le-feu se poursuivent.
L'UNRWA accuse Israël d'avoir torturé des détenus palestiniens
C'est un rapport interne qui n'avait pas vocation à être rendu public. Au fil des pages, dont le New York Times et CNN ont obtenu une copie, il est fait état de "centaines" de prisonniers palestiniens revenus "traumatisés" dans la bande de Gaza après avoir été libérés par Israël via le point de passage de Kerem Shalom, au sud de l'enclave. Le patron de l'UNRWA, qui a confirmé l'existence de ce rapport, parle de "calvaire". "Nous avons vu ces gens revenir de détention, certains après quelques semaines, certains après quelques mois. Et la plupart d'entre eux complètement traumatisés par le calvaire qu'ils avaient vécu", explique Philippe Lazzarini.
Il décrit "une large gamme de mauvais traitements", "des personnes systématiquement humiliées, des personnes prises en photo nues, sujettes à des abus verbaux et psychologiques, des menaces d'électrocution", "des privations de sommeil, l'utilisation de bruit extrême pour empêcher de dormir", "l'utilisation de chiens pour intimider".
L'UNRWA affirme que plusieurs de ses employés font partie des détenus torturés
Parmi ces prisonniers qui ont vécu ce "calvaire" figurent plusieurs employés de l'UNRWA, note Philippe Lazzarini. Selon l'agence onusienne, les autorités israéliennes auraient commis des actes de "torture" contre certains de ses salariés arrêtés dans la bande de Gaza. "Nos employés nous ont rapporté des choses atroces lors de leur détention et de leurs interrogatoires par les autorités israéliennes" comme des "tortures, des mauvais traitements, des abus et de l'exploitation sexuelle", explique-t-elle dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Certains de nos employés ont rapporté aux équipes de l'UNRWA qu'ils avaient été forcés à faire des aveux sous la torture" lorsqu'ils étaient "interrogés au sujet des relations entre l'UNRWA et le Hamas et sur une implication dans l'attaque du 7 octobre contre Israël", peut-on lire aussi.
Fin janvier, Israël avait accusé 12 employés de l'agence d'avoir participé aux attaques menées par le Hamas le 7 octobre, ce qui avait contraint une quinzaine de pays à suspendre leur financement à l'UNRWA. On ne sait pas si ces personnes font partie des prisonniers ayant subi les possibles mauvais traitements évoqués par l'UNRWA.
Israël dément et accuse l'URNWA d'employer "450 terroristes"
L'armée israélienne a aussitôt démenti "les accusations générales et non fondées concernant des abus sexuels de détenus dans des établissements des forces armées israéliennes". "Ces affirmations sont une nouvelle tentative de créer de fausses équivalences avec l'utilisation systématique par le Hamas du viol comme arme de guerre", peut-on lire dans un communiqué. Elle nie également que les détenus aient été privés de sommeil.
Dans une vidéo diffusée lundi soir, Daniel Hagari, le porte-parole de l'armée israélienne, a même contre-attaqué. Il accuse l'UNRWA de compter dans ses rangs des "terroristes". "Selon les services de renseignement, plus de 450 personnes appartenant à des organisations terroristes dans la bande de Gaza, principalement le Hamas, sont aussi employées par l'UNRWA, affirme-t-il. Elles étaient payées par la communauté internationale."
L'armée israélienne a publié dans le même temps ce qu'elle dit être un enregistrement "d'un terroriste travaillant comme professeur d'arabe dans une école de l'UNRWA" qui "décrit, le 7 octobre, son entrée en territoire israélien et dit qu'il détient en otage des femmes israéliennes". "Je suis à l'intérieur, je suis à l'intérieur avec les juifs", déclare-t-il. "Nous avons des femmes otages. J'en ai capturé une", se vante un autre, dans un autre document sonore auquel ont eu accès nos confrères du Times of Israël.
Israël dénonce le "silence" de l'ONU sur de possibles violences sexuelles du Hamas
C'est dans ce contexte que l'ONU a rendu publiques les conclusions de son rapport très attendu (PDF) sur les violences sexuelles perpétrées par le Hamas. Son auteure, Pramila Patten, confirme sur 23 pages qu'il y a des "motifs raisonnables de croire" que des viols et des viols collectifs ont été commis "dans au moins trois endroits" lors des attaques du 7 octobre : le site du festival de musique Nova et ses environs, la route 232 et le kibboutz Réïm. Son équipe a visionné 5 000 photos et "quelque 50 heures d'images".
Les tensions se sont fait ressentir jusqu'à l'Assemblée générale à New York, lundi soir, lorsque Gilad Erdan, ambassadeur israélien aux Nations unies, a reproché à l'ONU "d'avoir pris cinq mois pour finalement reconnaître les crimes sexuels". Dans une vidéo, il parle de "honte exposée à la vue de tous".
Dans la foulée, Israël a décidé de rappeler son diplomate pour protester contre le "silence" du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "J'ai ordonné à notre ambassadeur (...) de retourner en Israël pour des consultations immédiates concernant la tentative de faire taire le rapport sérieux de l'ONU sur les viols massifs commis par le Hamas et ses collaborateurs le 7 octobre", a réagi Israël Katz, ministre des Affaires étrangères. Sur le réseau social X, ce dernier appelle également le secrétaire général de l'ONU à reconnaître le Hamas comme groupe terroriste.
Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a lui-même démenti avoir tenté d'étouffer cette enquête. "En aucun cas le secrétaire général n'a fait quoi que ce soit pour garder ce rapport sous silence", a commenté son porte-parole Stéphane Dujarric. Ce travail "a été fait minutieusement et avec diligence", assure-t-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.