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Info franceinfo Afghanistan : un porte-parole des talibans rejette la proposition d'Emmanuel Macron de créer une zone sécurisée à Kaboul

Suhail Shaheen déclare à franceinfo que l'idée d'une zone protégée autour de l'aéroport n'a pas lieu d'être. Il assure que les Afghans pourront librement prendre l'avion après le 31 août s'ils disposent d'un passeport et d'un visa.
Article rédigé par Gilles Gallinaro - Emmanuelle Theis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le porte-parole du bureau politique des talibans, Suhail Shaheen, veut rassurer les Afghans, en déclarant que chacun d'entre eux pourra voyager à l'étranger après le 31 août, à condition de disposer d'un passeport et d'un visa. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Le porte-parole du bureau politique des talibans Suhail Shaheen déclare à franceinfo qu'il n'est pas "nécessaire" de créer une "safe zone" à Kaboul en Afghanistan, pour continuer les opérations humanitaires puisque "chaque Afghan pourra" voyager "à l'étranger". La France et le Royaume-Uni comptent plaider pour une telle "zone protégée" à Kaboul, lundi 30 août à l'ONU, alors que le dernier avion de rapatriement français a atterri dimanche à Paris.

"Ce n'est pas nécessaire, l'Afghanistan est un pays indépendant. Peut-on créer une telle zone en France ou au Royaume-Uni ?", interroge le porte-parole. Suhail Shaheen explique que "chaque Afghan pourra de toute façon, après le 31 août, voyager à l'étranger s'il le souhaite."

"Comme c'est le cas dans n'importe quel pays, il ou elle devra avoir les documents appropriés : passeport, visa. S'il dispose de cela, chacun pourra quitter l'Afghanistan et y venir en provenance d'un autre pays."

Suhail Shaheen, porte-parole du bureau politique des talibans

à franceinfo

"Nous essayons, parce que c'est très important, de rouvrir l'aéroport [de Kaboul] au plus vite", précise Suhail Shaheen.

"Pas de liste noire" d'opposants recherchés

Alors qu'un rapport d'experts de l'ONU affirme que les talibans disposent de listes d'opposants qu'ils recherchent, le porte-parole affirme que "ce rapport est sans fondement. Ils [le rapport] affirment qu'il existe une liste pour cibler les gens, les chercher, les identifier, les arrêter et les tuer. Mais il n'y a rien de tel", assure Suhail Shaheen.

Il ajoute que des enquêtes ont été menées sur ces accusations et que "certaines personnes à l'origine de ces informations, des membres du NDS, le service de renseignement de l'administration sortante à Kaboul" ont été arrêtées. Selon lui, elles "ont fait cela pour créer un climat de peur parmi les gens. Mais de notre côté, il n'y a pas de liste noire, il n'y a aucune liste. Et on a accordé une amnistie générale à tous ceux qui travaillaient avec les forces étrangères ou avec l’administration de Kaboul."

Un gouvernement "inclusif" d'ici quelques jours

"On ne veut pas monopoliser le pouvoir, assure par ailleurs Suhail Shaheen. C'est pour cela que nous discutons avec tous les représentants politiques. On espère que l'on pourra former un nouveau gouvernement islamique inclusif qui soit accepté par tous. J'espère que cela se fera d'ici trois à quatre jours."

"Nous demandons et nous espérons que la France nous reconnaîtra", ajoute-t-il. Emmanuel Macron a répété dimanche sur TF1 qu'ouvrir des discussions avec les talibans n'impliquait pas une reconnaissance ultérieure de leur gouvernement. Le chef de l'État français a posé plusieurs conditions dont "le respect des des droits de l'homme" et "de la dignité des femmes afghanes". Le sort de Afghanes inquiète particulièrement la communauté internationale car de 1996 à 2001, elles étaient empêchées de travailler, de sortir sans être accompagnées d'un homme et devaient porter une burqa. Suhail Shaheen garantit qu'"elles ont le droit d'étudier, le droit à l'éducation. Le droit de travailler, de s'habiller comme elles veulent. Elles devront seulement porter le hijab, c'est tout." 

Enfin le porte-parole des talibans se déclare persuadé que "l'État islamique ne sera pas en mesure de continuer son combat et d'avoir en même temps le soutien de la population. Ils viennent de pays étrangers, ne sont pas familiers avec les Afghans depuis leur culture. Ils seront immédiatement identifiés." 

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