Se raser le crâne : nouveau geste de contestation en Iran
Le site Kaleme.com (le site principal des opposants) annonçait le 17 avril le passage à tabac systématique des prisonniers politiques par les gardiens de la prison d'Evin. L'agression se serait produite lors d'une fouille de la section 350, l'aile où sont incarcérés les prionniers d'opinion (journalistes, avocats, opposants...). Le prétexte: une inspection dans le but de confisquer les objets non-autorisés en prison. Selon Amnesty International, une trentaine d'entre eux a été blessée – certains prisonniers ont les côtes cassées –, mis à l'isolement sans soins médicaux.
Les autorités pénitentiaires leur ont ensuite rasé la tête pour les humilier. L'indignation suscitée par cette agression dans les milieux d'opposition monte encore d'un cran lorsque les autorités exhibent les objets confisqués à la télévision Iranienne. Une scène étonnante, où elles montrent devant les caméras des téléphones portables et des tablettes quasiment introuvables à l'extérieur de la prison. Le ministre de l'Intérieur enfonce le clou en annonçant que les surveillants auraient trouvé de l'alcool, fabriqué par les détenus eux-mêmes avec leur ration de fruits.
Selon Médiapart, une initiative citoyenne est alors lancée sur facebook. Le mouvement «Rasons-nous la tête en solidarité avec les prisonniers du quartier 350» prend de l'ampleur. Depuis quelques jours, déjà 4000 personnes s'affichent sur facebook la tête rasée par solidarité, avec le hashtag proud350.
Les femmes participent aussi à l'évenement contestataire. Roohollah Shahsavar, exilé iranien en France, engagé dans la «vague verte» démocratique de 1989, écrit sur le blog Regards Persans hébérgé sur le site Rue 89 que parmi ces femmes se trouvent des activistes politiques et des journalistes comme Samane Abolpour, proche de Mohammad Khatami, ex-président de la République islamique. La jeune femme a publié sur son site Facebook une photo d'elle cheveux rasés. Elle écrit sur son mur: «J'ai rasé mes cheveux pour soutenir des prisonniers politiques à la prison d'Evin à Téhéran. Les prionniers politiques ont été battus cruellement par les gardiens de la prison.»
La seule réponse du pouvoir après l'agression de ces prisonniers a été de nommer le directeur des centres pénitenciers au poste de gouverneur général de Téhéran. Le président iranien, Hassan Rohani, quant à lui, ne s'est pas exprimé.
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