Reportage "J'attends du prochain président qu'il aide les gens et résiste à l'oppression" : les Iraniens se sont rendus aux urnes pour l'élection présidentielle

Les Iraniens ont voté vendredi dans tout le pays pour le premier tour de la présidentielle. L'ultraconservateur Saïd Jalili et le réformateur Massoud Pezeshkian sont arrivés en tête des suffrages.
Article rédigé par franceinfo
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La participation était d'environ 40% au premier tour de la Présidentielle, selon les autorités. (FABIEN GOSSET / RADIOFRANCE)

Quel président pour redresser l'Iran ? Deux candidats sont arrivés en tête du premier tour vendredi 28 juin : l'ultraconservateur Saïd Jalili (38,6%) et le réformateur Massoud Pezeshkian (42,5%). Les Iraniens sont sans illusion pour ce scrutin présidentiel qui n'a pas passionné les foules. La participation était autour de 40% pour le premier tour selon les autorités, encore plus faible que pour la présidentielle de 2021 et pour les législatives de mars.

Massoud Pezeshkian, ancien ministre de la Santé, est venu tout de même apporter un peu de sel. Il est l'invité surprise de l'élection : sa personnalité et son programme d'ouverture ont séduit ce commerçant de Téhéran. "Je vais voter pour Pezeshkian", confiait à franceinfo cet électeur, quelques heures avant le premier tour. "C'est quelqu'un d'honnête, on connaît sa vie, sa famille, sa carrière. Il ne prétend pas qu'il sait tout et il fait appel aux experts dans les différents domaines", continue-t-il.

"Le président doit être quelqu'un de pragmatique"

Dans le camp des conservateurs, Mohamad Baquer Ghalibaf, ancien maire de Téhéran et actuel président du Parlement, est arrivé troisième avec 13,8% des suffrages, derrière Saïd Jalili, à qui il a finalement apporté son soutien samedi 29 juin. 

Le chef du Parlement iranien avait les faveurs de ce retraité :"Ce n'est pas une question de réformateurs ou conservateurs. Le président doit être quelqu'un de pragmatique, qu'il puisse avoir un cabinet fort, ça servira le peuple. Ghalibaf, quand il était maire de Téhéran, s'est occupé des services municipaux."

"J'ai décidé d'émigrer parce que je n'ai plus d'espoir"

Les Iraniens sont fatigués des promesses électorales qui ne débouchent sur rien de concret. Cette retraitée de l'Education veut de la stabilité avant toute chose, surtout après la mort de leur président Ebrahim Raïssi dans un accident d'hélicoptère en mai. "Il faut une continuité avec le président Raïssi. J'attends du prochain président qu'il aide les gens et résiste à l'oppression", explique-t-elle.

Et puis, il y a les jeunes qui quittent le pays en silence. "Personnellement, j'ai décidé d'émigrer parce que je n'ai plus d'espérance. J'ai toléré beaucoup. Je ne veux pas perdre ma vie parce que je n'habite qu'une fois sur Terre et je préfère regarder le monde. Je préfère visiter le monde entier", conclut une dramaturge et metteuse en scène.

Pour la moitié des Iraniens qui ne votent pas, le nom du nouveau président qu'ils connaîtront le 5 juillet prochain, à l'issue du second tour, n'a aucune espèce d'importance.

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