"Ce n’est que de la propagande" : en Iran, les rassemblements après la mort d'Ebrahim Raïssi dénoncés par les opposants

Les médias officiels iraniens montrent des milliers de personnes en deuil en train de rendre hommage au chef de l'Etat tué dans le crash de son hélicoptère.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une femme pleure la mort du président Raïssi à Téhéran, le 20 mai 2024. (KYODO / MAXPPP)

Début de cinq jours de funérailles en Iran, après la mort du président Ebrahim Raïssi. Avant de traverser tout le pays, le cortège funéraire s'élance mardi 21 mai de Tabriz, proche du lieu du crash de l'hélicoptère présidentiel dimanche soir. Il passera par Qom et Téhéran mercredi, avant l'enterrement dans sa ville natale de Mashhad, à l'est du pays, jeudi. 

Des dizaines de milliers de personnes sont déjà réunies sur plusieurs places des grandes agglomérations du pays pour dire adieu au président iranien et attendre le passage du cortège. Cette procession a, aussi, des allures d'opération de propagande.

"Il est mort en martyr"

Sur les chaines de la télévision d’État iranienne, des images de foules impressionnantes tournent en boucle. Des femmes et des hommes réunis pour rendre hommage à Ebrahim Raïssi.

La télévision iranienne diffuse des images de la foule en deuil après la mort du président Ebrahim Raïssi. (CAPTURE D'ECRAN IRINN / FRANCEINFO)

Devant les micros, tous font son éloge, comme cette habitante de Téhéran, qui témoigne les larmes aux yeux : "C’était un homme de Dieu, un homme fervent et acharné. Il passait ses journées à travailler pour le bon déroulement des affaires du pays Et il est mort en martyr. Nous sommes tristes pour nous-mêmes, car nous n’aurons plus la chance de l’avoir à nos côtés"; assure-t-elle.

Un homme en pleurs est filmé par la télévision iranienne, après l'annonce de la mort du président Ebrahim Raïssi, le 20 mai 2024. (CAPTURE D'ECRAN IRINN / FRANCEINFO)

Le cortège funéraire va désormais parcourir près de 2000 km à travers le pays. Trois jours pendant lesquels le régime veut montrer que le peuple iranien est uni. Une vaste manipulation médiatique, d’après un opposant gardant l'anonymat. "Ce n’est que de la propagande : ils prennent des gens souvent très pauvres, et ils les payent pour grossir les rangs. Dans mon entourage, je ne connais pratiquement personne qui va y aller. Il n’y a que les extrémistes qui sont vraiment en deuil. Dans les rues, les gens sont joyeux."

"On est opprimé par ce régime, donc à chaque fois qu’il y en a un qui meure, on est content !"

Un Iranien sous couvert d'anonymat

à franceinfo

Une foule immense est attendue jeudi pour l’enterrement d’Ebrahim Raïssi, comme une démonstration de force bienvenue pour le régime. La mort du chef de l'Etat à 63 ans ouvre en effet une période d'incertitude politique en Iran, au moment où le Moyen-Orient est secoué par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, un allié de la République islamique. Sa mort brutale va entraîner une élection présidentielle qui devra être organisée "dans les 50 jours". Elle aura lieu le 28 juin, selon la télévision d'Etat. En attendant, c'est le premier vice-président Mohammad Mokhber, un homme de l'ombre de 68 ans, qui assumera les fonctions de président par intérim. 

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