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"J'espère que ça aboutira à changer le régime" : la championne iranienne d’échecs Mitra Hejazipour se dit fière de "l'audace" des manifestations

Espoir de l’équipe nationale d’échecs d’Iran jusqu’à ce qu’elle enlève son voile lors d’une compétition à Moscou en 2019, Mitra Hejazipour, qui étudie maintenant à Paris, regarde le mouvement d’émancipation qui a gagné son pays avec admiration.

Article rédigé par Valérie Crova
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Mitra Hejazipour Grand maître d'échec, à Brest, le 18 novembre 2020.  (B?ATRICE LE GRAND / MAXPPP)

Elle était grand maître d'échecs et jouait dans l'équipe nationale d'Iran jusqu'à ce jour de décembre 2019 où, en concourant sans foulard sous les couleurs de son pays lors d’un tournoi d'échecs à Moscou, sa vie changea.

Exclue par la fédération iranienne, Mitra Hejazipour fait depuis des études d'ingénieurs à Paris. La jeune femme de 29 ans porte un regard admiratif sur le mouvement né il y a bientôt deux mois dans le pays après la mort de Mahsa Amini.

>> EN IMAGES. En Iran et dans le monde, un mois de contestation après la mort de Mahsa Amini

Sa jolie chevelure brune se soulève dans le vent qui souffle une légère brise, en cet après-midi d'automne. Tout un symbole pour Mitra Hijazipour qui a choisi en décembre 2019 de braver l'interdit.

"À l'époque, des mouvements féminins en Iran ont eu beaucoup d'impact sur moi. J'ai osé montrer que je refusais de porter le voile. Je voulais être moi-même."

Mitra Hijazipour

à franceinfo

Mitra a été inspirée par ces jeunes Iraniennes qui se hissaient sur des armoires électriques et posaient fièrement sans leur voile, pendant l'hiver 2018. Beaucoup d'entre elles ont été arrêtées. La photo de Mitra, sans son voile, a fait le tour des réseaux sociaux et la sanction a été immédiate : "Le président de la Fédération des échecs iraniens m'a virée de l'équipe nationale, raconte-t-elle. Je ne pouvais plus accompagner l'équipe nationale, ce qui est très important dans la vie professionnelle des échecs. Et aussi, je ne peux plus rentrer dans mon pays."

Privée de sa famille restée à Machhad, dans le Nord-Est de l'Iran, Mitra a recommencé sa vie en France d'où elle suit les manifestations dans son pays natal.

"Quand je vois les images et les vidéos de l'audace des femmes iraniennes devant les armes des forces de l'ordre, c'est extraordinaire ce mouvement ! Son ampleur est inédite et témoigne de la maturité de la société."

Mitra Hijazipour

à franceinfo

"Je pense que ça va continuer et j'espère que ça aboutira à changer le régime", reprend Mitra Hijazipour qui voudrait voir ce régime disparaître à jamais. "Cela fait à peu près 44 ans qu'on souffre sous l'autorité du régime des mollahs, soupire-t-elle. Je pense que ce n'est pas possible de réformer ce régime. La corruption et le crime qu'ils ont fait pendant 44 ans, est impardonnable." "J'ai l'impression de vivre un rêve, conclut Mitra quand elle évoque les jeunes Iraniennes de son âge qui manifestent en dépit du danger. On n'a jamais vécu une vie ordinaire."

La championne d’échec iranienne Mitra Hejazipour souligne "l'audace" des manifestations - le reportage de Valérie Crova

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