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Gaza : "Le Hamas ne peut pas être un interlocuteur"

Au lendemain de l'entrée en vigueur d'une trêve dans la bande de Gaza, le vice-ambassadeur d'Israël en France assure que l'opération militaire est désormais terminée. "Place à la diplomatie", explique Zvi Tal alors que les deux parties ont accepté l'ouverture de négociations en Egypte.
Article rédigé par Mathilde Munos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  ("Place à la diplomatie", déclare Zvi Tal, vice-ambassadeur d'Israël en France  © Radio France)

Est-ce qu'Israël va reprendre ses bombardements à l'issue de la trêve vendredi matin ?

Non. Place à la diplomatie et l'aide humanitaire. C'est une priorité pour Israël. Nous avons inauguré un centre de coordination pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Côté diplomatique, il faut maintenant trouver le moyen de lier la question sécuritaire, c'est-à-dire démilitarisation de la bande de Gaza, au développement économique à moyen et long terme de la bande de Gaza.

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Vous dîtes "démilitarisation", ce mois de combat dans la bande de Gaza n'aura pas suffi ?

Un des deux objectifs stratégiques, qui était la destruction des tunnels offensifs a bien été atteint. L'autre objectif était de porter un coup aux autres infrastructures et à l'arsenal du Hamas. Il faut maintenant empêcher que le Hamas puisse se restructurer. C'est le défi du volet diplomatique.

Le Hamas n'a-t-il pas gagné en popularité à l'issue de ce mois de conflit ?

Il faudra voir ça à long terme. J'admets qu'il y ait une frustration au sein de la population gazaoui. Mais ce que le Hamas a voulu, c'était de se présenter comme un acteur politique. Et c'est un échec total pour lui, à la fois sur la scène internationale et au sein du monde arabe.

Il participe tout de même aux négociations en Egypte…

Ceux qui mènent la négociation, ce sont les représentants de l'Autorité palestinienne. Et tout le monde est bien conscient du fait qu'il faut renforcer l'Autorité palestinienne au détriment du Hamas. Le Hamas ne peut pas être un interlocuteur valable tant qu'il ne renonce à la violence et au terrorisme, qu'il ne reconnaît pas l'existence d'Israël et qu'il n'accepte pas les accords signés par l'Autorité palestinienne. Bref, il ne peut pas faire partie du processus politique.

Si tous les acteurs posent leurs exigences et refusent de discuter, les négociations ne sont –elles pas vouées à l'échec ?

Non. D'abord parce que l'Egypte est un interlocuteur incontournable. Ce n'est pas par hasard que les négociations vont se tenir au Caire. Et nous sommes pleinement coordonnés avec l'Egypte.

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Par ailleurs, notre principal interlocuteur reste l'Autorité palestinienne. Mais il faut maintenant mettre l'accent sur les objectifs. Je pense qu'ils sont partagés par tous les acteurs, y compris par d'autres interlocuteurs régionaux.

Allez-vous lever le blocus sur la bande de Gaza ?

Il faut, à moyen et long terme, permettre l'acheminement vers la bande de Gaza de biens, de denrées et de matériaux de construction. Mais il faut aussi garantir la sécurité de ces matériaux qui peuvent aussi être utilisés par le Hamas pour reconstruire ses infrastructures et se fortifier.

Comment faire ?

Il y a des initiatives qui ont déjà été prises pour remplir ces deux objectifs. Laurent a notamment évoqué l'idée de réactiver la mission Eubam Rafah. C'est une mission de l'Union européenne qui contrôlait le point de passage de Rafah vers l'Egypte avec une extension possible au point de passage entre Israël et la bande de Gaza. Il pourrait y avoir aussi une composante maritime.

Mais il faut aussi un mécanisme international sur le terrain pour contrôler et faire en sorte que le Hamas ne se renforce pas. Je ne sais pas quel forme il peut prendre mais cela reflète la prise de conscience de la communauté internationale sur les garanties qu'il faut avoir sur le plan sécuritaire.

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