: Vidéo Sophie Toscan du Plantier : la justice irlandaise poursuit "quand il n'y a pas de doute raisonnable sur la culpabilité"
"Il y a toujours un doute raisonnable, même quand on envoie quelqu'un devant une cour d'assises", affirme également l'un des avocats français de la famille de Sophie Toscan du Plantier, sauvagement assassinée le 23 décembre 1996 en Irlande... Extrait du magazine "13h15 le samedi" du 1er juin 2019.
Sophie Toscan du Plantier est retrouvée morte le 23 décembre 1996 en contrebas de sa maison de campagne dans le sud de l'Irlande. Son corps porte de nombreuses traces de coups et son crâne a été fracassé avec un bloc en ciment. La porte de sa maison n'a pas été fracturée et il n'y a aucune trace de cambriolage. L'enquête sur l'assassinat de l'épouse du producteur Daniel Toscan du Plantier, décédé en 2003, commence mal : le médecin légiste met plus d'une journée à arriver sur les lieux et la scène de crime n'est pas protégée et des indices précieux sont perdus. Cela n'empêche pas les policiers d'avoir un suspect : Ian Bailey, un journaliste local anglais, voisin de la victime.
De nombreux témoignages accablent cet homme, mais faute de preuves, il ne sera jamais inculpé et niera toujours être le meurtrier : "Si la police avait des preuves contre moi, je ne serais pas là en train de vous parler", dit-il à l'époque à un journaliste de télévision qui lui demande s'il l'a tuée : "Non !" répond celui qui est connu pour son passé d'homme violent... et les articles qu'il a écrit sur le meurtre. "Ian Bailey donne beaucoup de détails sur le déroulement des opérations, explique Alain Spilliaert, l'un des avocat de la famille de la victime au magazine "13h15 le samedi" (replay). Il écrit que Sophie a été tuée par un coup de tisonnier dans le bas du crâne, alors que personne ne pouvait le savoir à part le médecin légiste… ou le meurtrier."
L'application à l'extrême de la présomption d'innocence
En dépit d'indices troublants, la justice irlandaise ne poursuit cependant pas le journaliste. En Irlande, le procureur ne se rend jamais sur les lieux du crime et applique à l'extrême la présomption d'innocence. "Malheureusement, il y a beaucoup de dossiers où le procureur irlandais ne poursuit pas. Ils estiment qu'ils doivent uniquement poursuivre quand il n'y a pas de doute raisonnable sur la culpabilité", affirme Me Spilliaert.
"Il y a toujours un doute raisonnable, selon l'avocat français, même quand on envoie quelqu'un devant une cour d'assises", mais en Irlande, "si jamais la personne poursuivie est relaxée, elle peut engager une action en dommages et intérêts contre l'Etat". Pour se préserver de poursuites éventuelles, la justice du pays où cet assassinat a été commis préférerait-elle privilégier le doute en faveur du suspect ? "Absolument !" affirme-t-il. Vendredi 31 mai 2019, Ian Bailey, 62 ans, a été condamné, en son absence, à vingt-cinq ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris qui a délivré un nouveau mandat d'arrêt.
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