"Les gens doivent brûler leurs vêtements pour se réchauffer" : à Grande-Synthe, les migrants luttent contre le froid
La vigilance "grand froid" touche quatre départements dans le nord de la France, avec des températures glaciales. Une situation terrible pour les personnes qui vivent dehors, comme ces migrants, dans un campement de Grande-Synthe.
Plusieurs dizaines de tentes et de bâches ont été installées dans le bois de Grande-Synthe (Nord), situé près d'une zone commerciale. Les personnes qui vivent dans le campement "se sont installées près des chemins pour fuir la boue, qui peut se trouver à l'intérieur de la forêt", explique Arnaud, membre de l’association Utopia 56. Régulièrement, il fait des maraudes pour venir en aide aux personnes "qui survivent ici", environ 500 migrants. On y sent une très forte odeur de plastique brûlé : "Souvent, les gens sont obligés de brûler leurs vêtements pour se réchauffer." Le froid ces jours-ci est sévère, les températures ressenties descendent jusqu'à -16 degrés, le Nord fait partie des quatre départements classés en vigilance orange "grand froid".
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Un peu plus loin, quelques associations distribuent de la nourriture, là où l'unique point d'eau a été mis en place. Six robinets sont disponibles pour 500 personnes. "Les robinets sont gelés depuis deux jours, donc c'est uniquement un tuyau qui passe directement sur le sol qui n'est pas isolé", se désole Arnaud.
"Dès qu'on a une température inférieure à zéro degré, il n'y a pas d'eau qui coule."
Arnaud, membre de l’association Utopia 56à franceinfo
Aucun moyen de boire, et difficile de se faire à manger. Sous une bâche, cet homme tente de cuire des œufs, mais ils sont entièrement congelés. Derrière lui se trouve la tente de Niaz, 17 ans. L'adolescent est arrivé dans le campement il y a deux semaines. "Il fait trop froid, je n'arrive pas à dormir depuis deux jours, c'est trop dur", souffle-t-il.
L'Angleterre comme horizon
La préfecture du Nord a ouvert 170 places d’hébergements, mais elles ne sont pas du tout adaptées, selon Ludivine, membre de l'association Utopia 56. "Personne n'y va, parce que les gens ont peur, confie-t-elle, parce que c'est très loin des lieux de passage, parce que l'emprise des réseaux de passeurs est très forte aussi."
"Peut-être que perdre sa place, ici, sur le campement, ça veut dire perdre sa place pour passer dans un bateau."
Ludivine, membre de l'association Utopia 56à franceinfo
Tous n'ont qu’un seul objectif : traverser la Manche pour atteindre l'Angleterre. Ahmed a tenté sa chance mardi. Il raconte qu'il a passé six heures dans un camion, et ses chaussures ont congelé.
Les associations demandent la mise en place d’hébergements sans conditions d'accueil, ouverts 24 heures sur 24. Elles espèrent aussi la fin des opérations de démantèlement, pendant lesquelles les policiers saisissent les couvertures et les tentes.
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