Crise des migrants : le travail des humanitaires et des journalistes à la frontière menacé par la prolongation de l'état d'urgence en Pologne
La Pologne prépare une loi qui vise à prolonger certaines mesures de l'état d'urgence. Cela inquiète journalistes et humanitaires, alors que des milliers de migrants attendent toujours à la frontière avec la Biélorussie.
La crise à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie "pourrait durer des mois, voire des années", a prévenu mercredi 17 novembre le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, alors que des milliers de migrants campent toujours du côté biélorusse pour tenter d'entrer dans l'Union européenne. En effet, à Varsovie, le Parlement discute d'un nouveau texte, intitulé "Loi sur la protection des frontières", qui vise à pérenniser les mesures provisoires initiées par l'état d'urgence,qui pérennise les mesures les plus attentatoires aux libertés.
"No press, no video, please go back"
Les journalistes en Pologne risquent donc de se heurter de plus en plus fréquemment aux forces de l'ordre qui, dans la zone de la frontière, les refoulent actuellement. "No press, no video, please go back", répètent inlassablement les militaires aux journalistes qui essaient d'accéder. Cela pourra se répéter si le gouvernement, l’armée ou la police décident de limiter l’accès à la frontière. La journaliste Monika Cheradska estime qu'il s'agit là d'un retour par la fenêtre de l’état d’urgence mais pour une durée illimitée.
"Officiellement, l’état d’urgence va prendre fin le 2 décembre, mais cette nouvelle loi va de fait le prolonger."
Monika Cheradskaà franceinfo
Si le texte prévoit que les journalistes pourront se rendre dans la zone de la frontière, cela ne se fera pas sans restrictions, selon elle. "Il leur faudra remplir un formulaire à chaque fois, poursuit Monika Cheradska. Les autorités décideront alors si, où, et quand nous pourrons passer. De plus, nous devrons être accompagnés d’un représentant officiel."
Cela aura des conséquences, alerte Agata Kodje, de la fondation Ocalenie, qui vient en aide aux réfugiés. "Les personnes qui ne peuvent quitter la zone rouge, celles que nous ne pouvons donc atteindre, sont celles dont l’état de santé est le plus grave. Ce sont des familles avec enfants pour qui faire trois kilomètres sans être repérés est quasiment impossible. Si le texte est voté cela les condamne à une mort probable."
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