: Vidéo Le discours de Volodymyr Zelensky au Parlement français, "un moment historique", salue une députée originaire d'Ukraine
Arrivée à l'âge de 14 ans en France, Valéria Faure-Muntian appelle aussi à avoir conscience que "tous les Russes ne sont pas Poutine et Poutine n'est pas tous les Russes".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky va prendre la parole devant les parlementaires français mercredi 23 mars à partir de 15 heures avant une intervention devant l'Otan jeudi pour demander de l'aide contre l'invasion russe. Valéria Faure-Muntian, députée LREM de la 3e circonscription de la Loire et originaire d'Ukraine, qualifie sur franceinfo ce discours à venir d'"un moment historique".
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franceinfo : Qu'attendez-vous du discours de Volodymyr Zelensky devant l'Assemblée Nationale et le Sénat ?
Valéria Faure-Muntian : C'est quelque chose d'exceptionnel. Des présidents qui se sont exprimés dans l'hémicycle, il n'y en a pas beaucoup. Selon la Constitution, le président français, par exemple, ne rentre pas dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Le seul moment où il peut réunir le Parlement, ça se fait en Congrès, dans d'autres conditions, c'est quelque chose de très réglementé. C'est un moment historique pour Volodymyr Zelensky, mais aussi pour nous, les parlementaires français. Il s'adresse à travers nous à l'opinion publique et à la population française que nous représentons pour la mobiliser et pour lui insuffler les difficultés que traversent aujourd'hui l'Ukraine, et ses demandes.
Est-ce que vous vous attendez, par exemple, à un coup de pression supplémentaire, sur la question des livraisons d'armes ?
Il n'est pas utile de mettre la pression. Je pense que ça serait contreproductif. Maintenant, effectivement, il peut sensibiliser à des demandes qu'il a déjà formulées auprès du gouvernement français et de l'Union européenne. Les sanctions, les 27 [États membres de l'Union européenne] les ont validées très rapidement, elles augmentent au fur et à mesure que le conflit s'enlise ou que les populations civiles n'ont pas accès à l'évacuation ou à l'aide humanitaire. Les livraisons d'aide militaire et l'aide humanitaire par l'Union européenne se font de manière régulière depuis le début de la guerre en Ukraine.
Ce discours de Volodymyr Zelensky devant le Parlement français peut-il provoquer un moment de concorde, malgré la proximité de l'élection présidentielle ?
Je trouve que ce moment de concorde, on l'a eu dès le départ, dès que la guerre a été déclenchée. Il y a une solidarité nationale assez forte, nos concitoyens ne faisaient pas la différence, selon leurs opinions politiques. Ils se sont tous mobilisés. Je trouve qu'il faut bien faire la différence entre les candidats à la présidentielle et la mobilisation de nos concitoyens. Effectivement, les candidats à la présidentielle ont des opinions, mais ce sont des personnes qui ne sont pas forcément porteuses de la vérité. Ils ont leur vérité, ils ont leur opinion. Les Français sont tout à fait solidaires de l'Ukraine, en se mobilisant pour l'aide humanitaire et pour l'accueil des réfugiés.
Vous avez vous-même quitté l'Ukraine à 14 ans pour arriver à Besançon. Comment bien accueillir les Ukrainiens aujourd'hui ?
Le déracinement est toujours traumatique, même s'il se fait dans de bonnes conditions. Il est utile d'accompagner ces réfugiés. Ils sont traumatisés par la guerre sur leur territoire et par l'inconnu, d'une part du pays où ils arrivent, et de l'autre, de leur capacité et du moment où ils pourront revenir en Ukraine. Il faut les stabiliser le plus tôt possible, leur permettre de s'ancrer sur le territoire français, leur donner des repères. Le suivi médical et psychologique est toujours utile dans ces cas précis. Il faut surtout organiser leur présence sur le territoire, mais le maintien aussi avec la culture et la langue d'origine, notamment pour les enfants. On est tout de suite dans le bain français, ne serait-ce que quand on démarre les démarches administratives. Il faut les accompagner, organiser l'intégration française, et le maintien du lien avec la culture d'origine.
Vous présidez le groupe d'amitié entre la France et l'Ukraine, et vous êtes aussi membre du groupe d'amitié entre la France et la Russie : n'est-ce pas acrobatique ?
Dès 2017, on a fait un choix de ne pas importer le conflit ukrainien et l'agression russe sur le sol français, de bien travailler du point de vue diplomatique. Ne tombons pas dans ce piège. Surtout, démontrons aux représentants des deux pays qu'en France, on dialogue et on essaye d'aller vers la diplomatie. Il faut bannir et dénoncer fortement tout type de violence [envers des Russes ou Français d'origine russe] parce que tous les Russes ne sont pas Poutine et Poutine n'est pas tous les Russes.
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