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Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la sécurité du président Volodymyr Zelensky, centrale dans le conflit

Le chef d'Etat ukrainien, qui se trouve toujours à Kiev, a été la cible d'au moins une tentative d'assassinat depuis le début de l'invasion russe.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 8min
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, se filme dans son bureau à Kiev (Ukraine), dans une vidéo publiée par le service de presse de la présidence le 7 mars 2022. (UKRAINE PRESIDENCY / AFP)

"D'après les informations que nous avons, l'ennemi m'a désigné comme cible numéro 1. Ma famille est cible numéro 2." Ces propos glaçants sont ceux du président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une déclaration vidéo publiée vendredi 25 février. Depuis, ses faits et gestes sont scrutés par le monde entier et sa survie est au cœur des préoccupations. Comme l'écrit le New York Times*, la présence de ce dirigeant démocratiquement élu compliquerait en effet l'installation par Moscou d'un nouveau gouvernement à sa botte. Franceinfo revient sur la sécurité de cet homme d'Etat désormais en guerre.

C'est "un élément central", selon la France

Dès le lendemain du début de l'attaque russe, la sécurité de Volodymyr Zelensky s'est vue menacée, a assuré Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, vendredi 25 février sur France Inter. Le dirigeant de 44 ans est à la tête d'un pays que le président russe, Vladimir Poutine, veut sortir de "la carte des Etats".

Parmi ses objectifs de guerre, Vladimir Poutine a fixé une "dénazification" de l'Ukraine et dénoncé une "junte" au pouvoir à Kiev, laissant clairement paraître sa volonté de renverser Volodymyr Zelensky, élu en 2019. 

"La sécurité du président Zelensky est un élément central de ce qu'il se passe maintenant", a souligné le ministre français des Affaires étrangères. "Il est important qu'il tienne sa place", a-t-il ajouté.  

De son côté, Alexander Makogonov, le premier secrétaire de l'ambassade de Russie, interrogé par LCI le 25 février, a refusé de s'engager sur le sort de Volodymyr Zelensky.  

Au début des combats, il est descendu dans la rue

Dans les jours qui ont suivi l'invasion, Volodymyr Zelensky a assuré qu'il ne quitterait pas l'Ukraine. "C'est ici qu'est le combat. j'ai besoin de munitions, pas d'un taxi", a-t-il lancé. 

Lors des deuxième et troisième jours d'affrontements, le président est ainsi apparu dans les rues de Kiev, en t-shirt et veste en polaire, sans casque ni gilet pare-balles, comme en témoignent deux vidéos publiées sur son compte Telegram. Dans la première, il est entouré de ses collaborateurs devant le bâtiment de la présidence, prouvant sa présence à Kiev "Nous sommes tous ici, à défendre notre indépendance, notre Etat." Dans la deuxième, il se filme lui-même avec un portable, seul, devant un monument de la capitale, la Maison Gorodetsky, aussi appelée la Maison aux Chimères.

Son équipe a depuis pris plus de précautions

Depuis ces vidéos, Volodymyr Zelensky a été bien plus précautionneux. L'homme d'Etat a d'ailleurs confié, mardi 1er mars, qu'il n'avait pas vu sa famille depuis trois jours, rapportent CNN* et Reuters, qui l'ont rencontré dans son bunker de Kiev. Dans ses vidéos publiées chaque jour, il apparaît en intérieur, derrière un pupitre et devant un fond neutre. "Il ne s'affiche plus dehors pour ne pas donner d'information sur le lieu où il pourrait être, ce qui le rendrait vulnérable. Ce n'est pas un hasard", note l'envoyé spécial de France 2 à Kiev, Marc de Chalvron, contacté par franceinfo lundi 7 mars.

Marc de Chalvron a pu constater les précautions prises par l'entourage du président ukrainien lors d'une conférence de presse, jeudi 3 mars. Après avoir été "emmenés au palais présidentiel après un rendez-vous fixé dans le quartier", la vingtaine de journalistes internationaux ont subi une fouille. Ils ont ensuite été guidés vers la salle. Le palais présidentiel était "plongé dans le noir pour des raisons de sécurité", relate le reporter, sans savoir si cette obscurité était destinée aux ennemis russes ou aux journalistes. "Les deux sont possibles", estime Marc de Chalvron.

Dans la salle, dont "les fenêtres ont été barricadées par des sacs de sable", le reporter de guerre a néanmoins été frappé par la proximité de Volodymyr Zelensky avec les journalistes. "Pas de distance de sécurité, il nous a serré la main et s'est assis sur une chaise, en face de nous plutôt que derrière une vitre de protection en Plexiglas."

Zelensky est toujours à Kiev

Mais le symbole que représente le président ukrainien et ses apparitions restent essentiels pour encourager les forces armées ukrainiennes qui, bien que beaucoup moins nombreuses que les troupes russes, résistent encore à l'invasion. Après dix jours de fond neutre, Volodymyr Zelensky a donc recommencé à se montrer dans la capitale.

Après avoir filmé la vue de Kiev depuis la fenêtre du palais présidentiel dans une vidéo publiée sur Telegram lundi 7 mars, il s'est exprimé depuis son bureau pour la première fois depuis le début du conflit. "Je reste à Kiev, je ne me cache pas et je n'ai peur de personne", a-t-il clamé, avant de dénoncer les "promesses" non tenues des Occidentaux depuis le début de la guerre. 

Mardi 8 mars, Volodymyr Zelensky est de nouveau apparu, cette fois-ci dans la rue Bankova, au centre de Kiev, devant un mur de barricades, d'après une vidéo publiée sur son compte officiel Instagram.

Au moins une tentative d'assassinat a été déjouée

D'après le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l'Ukraine, une récente tentative d'assassinat contre Volodymyr Zelensky a été déjouée. Selon Oleksiy Danilov, une unité des forces de sécurité tchétchènes, appelées Kadyrovtsy, est à l'origine de cette tentative. Ses membres ont été "détruits" après que le Service fédéral de sécurité (FSB) russe a averti les responsables ukrainiens, a affirmé Oleksiy Danilov mardi 1er mars sur la chaîne de télévision Ukraine 24 : "Nous sommes bien au courant de l'opération spéciale qui devait avoir lieu directement par les Kadyrovtsy pour éliminer notre président. Et je peux dire que nous avons reçu des informations du FSB, qui aujourd'hui ne veut pas participer à cette guerre sanglante." Le Kremlin n'a pas confirmé si l'objectif de ce groupe armé était bien d'assassiner Zelensky.

Mais, selon certains médias, le nombre de tentatives serait plus élevé. Le président ukrainien aurait ainsi survécu à "au moins trois tentatives d'assassinat" dans la semaine précédant le 3 mars, avance le quotidien britannique The Times*. D'après le journal, ces tentatives ont été menées par deux groupes : "Des mercenaires du groupe Wagner, soutenu par le Kremlin, et des forces spéciales tchétchènes. Tous deux ont été contrecarrés par des éléments anti-guerre au sein du Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie." A Kiev, 400 mercenaires de Wagner seraient chargés de tuer le président ukrainien ainsi que son gouvernement, affirmait un autre article du Times*, paru le 28 février.

Ces informations n'ont pas été confirmées par le bureau du président ukrainien, interrogé par Marc de Chalvron lundi 7 mars. "Le bureau se demande même comment elles ont pu être obtenues", précise le reporter.

* Les liens suivis d'un astérisque sont en anglais.

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