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Ukraine : "Nous sommes dans une bataille psychologique, politique et diplomatique", selon Dominique de Villepin

Selon l'ancien chef de gouvernement et de la diplomatie, "Vladimir Poutine est très prévisible". Dominique de Villepin ne croit pas "en une Russie impérialiste, incontrôlable, expansionniste".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, le 9 février 2022 sur France Inter. (FRANCEINTER / RADIO FRANCE)

 "Nous sommes dans une bataille psychologique, et surtout une bataille politique et diplomatique", a analysé Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac, invité mercredi 9 février sur France Inter, concernant la crise en Ukraine, après les discussions entre Emmanuel Macron et ses homologues russe et ukrainien. "Vladimir Poutine ne dira rien de ses intentions, parce que tant que tout n'est pas réglé, rien n'est réglé, c'est un principe de base d'une négociation diplomatique", a-t-il ajouté.

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Selon lui, le président russe "entretient le flou et les tensions" mais "la Russie n'a pas forcément intérêt aujourd'hui à la guerre". "Qui dit mobilisation sur une frontière, y compris de 125 000 hommes, ne veut pas dire que la Russie passera à l'acte", a indiqué Dominique de Villepin, pour qui cette présence militaire est surtout un levier ayant permis de faire en sorte que l'Europe prenne "au sérieux" le "dossier de la sécurité russe" tout en imposant une négociation comme seule alternative au conflit armé.

La Russie est "une puissance pauvre"

"Vladimir Poutine est très prévisible, il a des objectifs, je ne crois pas en une Russie impérialiste, incontrôlable, expansionniste", a-t-il affirmé, ajoutant que Vladimir Poutine "peut gagner beaucoup" dans les négociations, "peut-être jusqu'à la levée des sanctions qui pèsent sur la Russie afin de l'ouvrir véritablement à l'Europe". "Vladimir Poutine a marqué une position de force et il maîtrise pour aujourd'hui un agenda parce qu'il a posé ses pions militaires (…) mais nous, nous renforçons notre jeu diplomatique, nous montrons que nous avons des cartes", a expliqué Dominique de Villepin, rappelant que la Russie est "une puissance pauvre", où "il y a de la souffrance" et donc "un risque politique pour Poutine".

"L'élément nouveau de ces dernières heures, c'est qu'un dialogue a été noué, un dialogue et en même temps un rapport de force diplomatique", a-t-il ajouté, en référence au marathon diplomatique d'Emmanuel Macron qui a également rencontré les chefs d'État polonais et allemand dans le but d'afficher un objectif commun.

"Il y a une unité qui est en train de se dessiner du côté des Européens qui nous change des profondes divisions qui se sont longtemps exprimées sur l'ensemble de ces sujets."

Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères

à franceinfo

L'ancien ministre précise que "cela ne veut pas dire que tout est réglé, il reste à faire des percées réelles sur le plan diplomatique". 

Selon lui, l'un des "points extrêmement difficiles" réside dans "la question du gel ou de l'élargissement de l'Otan aux frontières de la Russie et en particulier de l'élargissement à l'Ukraine", que la Russie prend pour "une agression". "La négociation sera par définition compliquée puisqu'il est question de la souveraineté ukrainienne", a -t-il assuré, tout en étant convaincu qu'il "y a des possibilités d'avancées". Conformément "au principe de portes ouvertes" de l'Otan, il n'est pas possible d'interdire à l'Ukraine de rentrer dans l'Otan mais il est possible de "faire prévaloir une décision politique", "un accord" pour ne pas signer l'intégration de l'Ukraine, puisqu'il "faut l'unanimité dans les décisions de l'Otan". En revanche, Dominique de Villepin a estimé qu'il fallait poser "une ligne rouge" montrant "qu'on ne peut pas transiger avec la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine".

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