: Reportage "On va continuer à faire ce qu’on a à faire" : sur le front, l'armée ukrainienne revendique sa détermination
Dans une tranchée aux bords luisants de glace et de boue gelée, près de Bakhmout (Ukraine), fusil-mitrailleur à la main, par groupe de deux, les soldats avancent. Le vent coupant fait éclater la neige. Tout est blanc, kaki, marron, hostile, froid, violent. Répéter, se préparer à l’assaut, face à un ennemi dont la puissance de feu semble inépuisable. Près de la ligne d’arbres couverts de glace, quelques planches brûlent sans réchauffer. Les hommes qui sont là ne donneront pas leur grade. Alexander, tout juste son prénom : "Nous avons une guerre, une guerre grave et malheureusement, des gens meurent. Mais on tient le coup. On est indestructibles. Ce n'est pas du cinéma, ce n’est pas un film d’action. C’est une vraie guerre. Il y a la météo, le danger partout. Tu peux perdre tes frères d’armes : c’est une grande douleur avec laquelle je dois lutter chaque jour."
Loin du front, c'est une semaine cruciale pour l'Ukraine. Le Congrès américain doit se décider sur la poursuite de l'aide et le sommet européen se penche jeudi 14 décembre sur les négociations d'adhésion à l'Union européenne. Les soldats, eux, veulent montrer que rien n'entame leur détermination. La contre-offensive s'enlise et si l'armée ukrainienne a planté son drapeau, il y a deux jours, sur une des hauteurs d'Horlivka, non loin de là, nul n'ignore que l'armée russe ces derniers jours a avancé. À Avdiivka, elle a progressé en prenant pied dans des zones industrielles, mais aussi à l’ouest de Robotyné et plus au sud-ouest, encore, au niveau de Maryiinka.
"La victoire ne peut être que pour nous"
Mais rien, pourtant, ne semble faire vaciller Alexander : "L’armée ukrainienne est la meilleure, la plus forte. La victoire ne peut être que pour nous. Derrière nous, il y a la vérité. Nous sommes sur notre terre, et nous tiendrons." Les armes, bien sûr, il en faut plus. Le blocage de l’aide, ils ne préfèrent pas y penser. Ils feront avec ce qu’il y a, dit cet autre gradé : "Peu importe la quantité d’armes que nous fournissent nos partenaires, pour s’en servir, il faut des gens. Donc, la première chose dont on a besoin, ce sont des gens en plus. Ce serait bien que ceux qui sont à l’arrière et ceux qui ont filé à l’étranger reviennent pour nous aider ici. Donnez-nous plus d’armes, de munitions, on va continuer à faire ce qu’on a à faire."
Dans les villes, sur ce front long de plus de1 000 km, les soldats sont partout. Dans les stations-service où ils peuvent manger ou boire, gratuitement un café chaud, ils parlent. Ce qu'il reste à faire : continuer à affronter la dureté insensée de ce front, où se percutent les époques. Des tranchées droit sorties de la Première Guerre mondiale aux drones de la guerre du futur.
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