Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky retourne à Washington pour convaincre de l'urgence de l'aide américaine
Il y a un an, en décembre 2022, tous les signaux étaient au vert. Les États-Unis venaient d'annoncer l'envoi à l'Ukraine de leur système de défense antiaérienne Patriot et le discours historique de Volodymyr Zelensky, en tenue couleur kaki devant le Congrès, était plusieurs fois interrompu par des applaudissements et des standing ovations. "Votre argent n'est pas de la charité", disait alors le président ukrainien, "c'est un investissement dans la sécurité mondiale et la démocratie".
Décembre 2023, l'euphorie est retombée et ces mêmes mots résonnent comme un plaidoyer de la dernière chance. Les fonds destinés à l'Ukraine sont pratiquement épuisés. Les lots d'armes ont déjà diminué. Et le vote d'une nouvelle enveloppe, s'élevant à 61 milliards de dollars, est devenu l'otage d'une question de politique intérieure profondément partisane.
Avec "l'America first", le Mexique d'abord
Les élus républicains ont bloqué le processus mercredi dernier, en refusant de soutenir ce texte. Fondamentalement, ils ne sont pas opposés à une nouvelle aide à l'Ukraine. Mais ils veulent des contreparties. Adeptes de "l'América first" ("l'Amérique d'abord"), stimulés par la perspective de voir Donald Trump remporter l'investiture pour la présidentielle, ils réclament des changements majeurs dans la politique d'asile pour freiner l'immigration à la frontière avec le Mexique. Leur leitmotiv : on ne peut pas se soucier de la sécurité des autres sans se soucier d'abord de la nôtre.
Comme ils sont majoritaires à la chambre des représentants, ils peuvent tout paralyser. Si les démocrates veulent faire voter leur enveloppe de 61 milliards de dollars, ce sera au prix d'énormes concessions. Le calendrier est serré, car le Congrès se sépare vendredi 15 décembre pour les vacances de Noël. L'opinion publique, elle aussi, est en train de basculer. Les États-Unis ont déjà engagé 110 milliards de dollars depuis le début de l'invasion russe. Selon un sondage du Financial Times, près d’un Américain sur deux pense que les États-Unis "dépensent trop" pour l’Ukraine.
Risque de contagion ?
Les Européens vont scruter de très près ce voyage de Volodymyr Zelensky, parce que s'il ne réussit pas à convaincre les parlementaires américains, l'ambiance risque aussi de tourner à l'aigre dans le clan des 27. Un sommet jeudi et vendredi doit approuver une aide supplémentaire de 54 milliards d'euros. L'ouverture de négociations officielles pour l'adhésion de l'Ukraine doit également être décidée.
La Hongrie bloque toujours, le président ukrainien n'a pas réussi à émouvoir Viktor Orban, qu'il a rencontré lors de l'investiture du président argentin ce week-end. Pour éviter les conséquences désastreuses d'un effet domino, plus d'une centaine de députés européens, selon l'agence Reuters, vont envoyer aujourd'hui une lettre à leurs homologues américains pour les convaincre.
La semaine dernière, David Cameron, le nouveau ministre britannique des Affaires étrangères, a lui aussi exhorté le Congrès à adopter le programme d'aide. "Si cet argent n'est pas voté, il n'y a que deux personnes qui souriront, Vladimir Poutine en Russie, Xi Jinping à Pékin. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais je n'ai pas envie d'offrir un cadeau de Noël à l'une ou l'autre de ces personnes".
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