"Le même véhicule peut revenir deux ou trois fois dans la journée" : en Ukraine, le quotidien des mécaniciens chargés de réparer les engins de l'armée
C'était une promesse du président américain Joe Biden : en Ukraine, les premières livraisons d'armes à sous-munitions américaines viennent d'arriver. "Elles peuvent radicalement changer" la situation sur le champ de bataille, a estimé Oleksandr Tarnavskyi, le commandant de la contre-offensive dans le sud du pays.
En arrière-ligne, d'autres hommes sont indispensables. C'est le cas, par exemple, du bataillon de mécaniciens de la 35e brigade d'infanterie navale. Une unitée chargée de remettre en état les véhicules de l'armée qui sont mis à rude épreuve sur le front.
Le travail de jour comme de nuit
Dans un garage improvisé de la région de Donetsk, en pleine nature des véhicules sont alignés sur un large chemin de terre, à l'abri d'une rangée d'arbres. "C'est notre hôpital de campagne, c'est là que nos véhicules reçoivent leurs premiers secours", présente Alexis Navrotsky, chef adjoint du bataillon. Au sol trainent des pneus éclatés, des morceaux de carrosserie ou encore des outils. "Mes gars sont là pour réparer ces engins le plus vite possible, pour qu'ils repartent sur le front en seulement quelques heures".
Sous un énorme blindé de 20 tonnes qui sert à transporter les troupes, deux mécaniciens s'affairent. Le véhicule a sauté sur une mine anti-char : "Après la victoire, on ira apprendre aux mécanos français comment bosser efficacement et dans n’importe quelle condition", s'amuse l'un d'eux.
Dans ce garage improvisé, les mécaniciens travaillent de jour comme de nuit, au rythme de la contre-offensive, selon Alexis Navrotsky : "Le même véhicule peut revenir deux ou trois fois dans la journée. Il part au front, et s’il prend un éclat, on le répare. Il y retourne, mais il peut être une nouvelle fois pris sous les tirs de mortier, et encore abîmé."
Le système D
L'une des difficultés, c'est de se fournir en pièces détachées, alors le plus souvent c'est le système D qui prime. Kolia s’extirpe d’un véhicule, crâne rasé, silhouette trapue, les mains pleines de cambouis : "C’est un moteur d’occasion. On l’a trouvé par petites annonces et on l’a ramené hier à 21h. On s’est cotisé. On l’a payé 500 dollars, ce n'est pas trop cher, ça va. Si ça peut aider à sauver au moins une vie, on est prêt à donner tout l’argent qu’on a".
Mais très vite, le regard bleu du biker s’éteint. Deux de ses frères sont morts dans cette guerre, et s'il affirme ne pas avoir de haine, il souhaite que le conflit prenne fin le plus rapidement possible : "Des cuistots jusqu’aux hommes en première ligne, chacun doit faire son maximum avec engagement et patriotisme".
Dici quelques mois, Kolia et ses hommes auront du renfort. Le groupe allemand Rheinmetall doit ouvrir une usine de production et de réparation de blindés dans l’ouest de l’Ukraine.
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