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Guerre en Ukraine : pourquoi l'aviation russe est-elle peu utilisée ?

Les récents bombardements en Ukraine sont "un signe de faiblesse" a affirmé le secrétaire général de l'OTAN, qui réunit ce mercredi les ministres de la Défense des pays membres à Bruxelles. Certains experts s'interrogent sur l'absence de l'aviation russe dans les combats. 

Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Un avion de chasse russe "Sukhoi" de cinquième génération exposé à un forum militaire le 21 août 2022, près de Moscou.  (MAXIM SHIPENKOV / EPA)

La Russie a-t-elle perdu la bataille aérienne ? Les avions de chasse se font rares et sont même absents des derniers bombardements contre l'Ukraine. La raison : une féroce défense anti-aérienne fournie à Kiev et un manque de soldats formés aux combats aériens analyse Pierre Grasser, chercheur associé au laboratoire SIRICE de la Sorbonne et spécialiste des questions relatives à la défense russe. 

La stratégie aérienne de Moscou sera abordée par l'OTAN mercredi 12 octobre à l'occasion d'une réunion à Bruxelles des ministres de la Défense des pays membres. Le secrétaire général de l'alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a même jugé les récentes frappes russes comme "un signe de faiblesse" de Moscou, qui perd la bataille sur le terrain selon lui. 

Un système anti-aérien efficace

Depuis le début de l'invasion, la Russie a peu utilisé son aviation, alors qu'elle était très présente en 2015 pour lutter contre les rebelles en Syrie. Contre l'Ukraine, "l'offensive aérienne a été divisée en deux grandes parties", analyse Pierre Grasser. La première partie, du 24 février au 16 mars, s'est illustrée par des attaques aériennes qui ont "survolé les lignes ukrainiennes, opérant un certain nombre de frappes. À cette occasion, d'importantes pertes ont été subies. Jusqu'à sept avions le 5 mars", détaille l'expert. 

"La difficulté de définir une stratégie pour Vladimir Poutine, surtout vis-à-vis de la menace anti-aérienne"

Général Jean-Paul Paloméros, ancien patron de l'armée de l'air française

France Info

Puis, dans un deuxième temps, l'aviation russe a été placée en retrait, "en appuie des lignes de front" ou effectuant des frappes "de plus longues portées". Cela s'explique par la présence des systèmes sol-air dont l'Ukraine a hérité des années soviétiques. "Pour faire face à l'aviation russe durant les premiers mois, cela suffisait largement", estime Pierre Grasset, précisant qu'après huit mois de conflits "ce stock est quasiment épuisé".

Pour faire face à une nouvelle salve de bombardements, le président ukrainien réclame aux pays de l'OTAN la mise en place d'un bouclier antiaérien. Des systèmes sol-air espagnols, norvégiens et français existent. "Un système allemand est en cours de livraison, il sera remis dans les prochaines heures et il y a des soldats ukrainiens en formation actuellement en Espagne", confie le spécialiste sur franceinfo.

Le manque d'hommes

L'armée russe souffre, certes, de défauts logistiques. "Il y a clairement un manque de disponibilités dans cette aviation russe, des problèmes de pièces de rechange", estime le général Jean-Paul Paloméros, ancien patron de l'armée de l'air française. Mais la plus grande difficulté vient d'un manque d'hommes. "L'équipement, l'armée en aura, elle en a beaucoup hérité de la période soviétique. Les pièces détachées, elle en trouvera. Le problème, c'est surtout les hommes entrainés et décidés pour être engagés", assure le Pierre Grasset. 

Or depuis les premières phases de la guerre en Ukraine, Moscou a dû mal à recruter malgré la proposition "de fortes soldes". "Maintenant, il y a le phénomène de mobilisation des conscrits. Et ça, ça ne va pas être un gage de qualité", conclut le chercheur. 

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