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Guerre en Ukraine : les enjeux du sommet de l'Otan à Madrid

La capitale espagnole accueille jusqu'à jeudi le sommet de l’Otan, soit une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement. La guerre en Ukraine sera au cœur des discussions, tout comme l'adhésion de la Finlande et de la Suède.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, le 29 juin 2022 à Madrid. (JAVIER SORIANO / AFP)

Un dispositif de sécurité inédit, une armée sur le qui-vive, des autoroutes fermées, et le télétravail recommandé aux habitants : Madrid (Espagne) est placée sous très haute surveillance. Plus de 40 chefs d'Etat et de gouvernement y sont réunis pour discuter de l'avenir de l'Alliance.

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Ce sommet est dominé par le conflit en Ukraine et la menace russe. Face à cette menace, l'Otan se renforce et s'apprête à accueillir deux nouveaux membres. Voici les principaux éléments à connaître de ce sommet.

Adhésion de la Suède et la Finlande : un signal fort envoyé à la Russie

C'est un pas immense pour les deux pays nordiques qui sortent de leur neutralité historique : la Suède et la Finlande vont rejoindre l'Otan. Un changement majeur dans l'architecture de sécurité en Europe. La Suède et la Finlande coopéraient déjà avec l'Alliance atlantique, mais leur adhésion pleine et entière, qui doit encore être ratifiée par les parlements nationaux, est un signal très fort adressé à la Russie.

Fin mai, la Turquie avait surpris en opposant son veto à ces adhésions, le président Erdogan accusant la Suède et la Finlande de protéger des terroristes kurdes. Un accord a donc été trouvé, avec la bénédiction des États-Unis qui se sont activés en coulisses. "Je suis ravi d'annoncer que nous avons un accord qui ouvre la voie à l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'Otan" et qui répond "aux inquiétudes de la Turquie sur les exportations d'armes et sur la lutte contre le terrorisme", a déclaré le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg devant la presse.

Cet élargissement annoncé de l'Otan est un tournant. Il correspond aussi à un retour aux sources : comme en 1949 lors de sa création, la grande affaire de l'alliance atlantique, c'est bien la Russie. La Russie est une "menace directe" pour la "sécurité" des pays de l'Otan, a déclaré Jens Stoltenberg.

Soutien à l'Ukraine : un engagement renforcé

En 2010, l'Alliance souhaitait un partenariat stratégique avec Moscou. Mais c'est un temps révolu : aujourd'hui, elle arme l'Ukraine contre la Russie et va prendre de nouveaux engagements en la matière. Ces engagements seront discutés mercredi matin avec Volodymyr Zelensky en visioconférence.

Les pays de l'Otan, qui ont déjà fourni des milliards de dollars d'aide à Kiev, vont convenir à Madrid "d'un programme d'assistance complet à l'Ukraine pour l'aider à faire respecter son droit à la légitime défense", a promis Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Alliance atlantique.

L'Otan renforce donc sa présence à l'Est. Cela s'annonce comme le "plus grand remaniement de notre défense collective depuis la guerre froide." La force de réaction rapide de l'Otan va notamment passer de 40 000 à 300 000 soldats. Les États-Unis promettent de nouveaux engagements militaires, notamment dans la Baltique. Et les alliés sont priés de suivre, y compris en tenant leur promesse de consacrer 2% de leur PIB aux dépenses militaires. Ce n'est plus un plafond mais un plancher, prévient l'alliance atlantique.

Relations avec la Chine : un "concept stratégique" à rédéfinir

La Chine reste à l'ordre du jour du sommet de Madrid. C'est même une priorité pour les États-Unis, qui n'oublient pas cet affrontement-là. La Chine n'est pas considérée, pas encore, comme une "menace" mais l'influence chinoise est bien un "défi" pour l'Alliance atlantique. En février dernier, Pékin disait comprendre les inquiétudes de la Russie et partageait même son souhait de voir l'Ukraine rester en dehors de l'Otan, mais à aucun moment la Chine n’avait évoqué et encore moins soutenu une possible intervention militaire.

Ce défi est-il systémique, ou est-ce un défi de sécurité ? Le sommet de l'Otan est aussi affaire de formulation. Son nouveau "concept stratégique", qui fait l'objet d'intenses négociations, sera rendu public jeudi midi.

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