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Guerre en Ukraine : en France, les entreprises du BTP confrontées à une hausse des prix et des pénuries inédites

Les coûts de l'acier ou du bois ont grimpé en raison de la hausse des tarifs de l'énergie. D'autres matériaux comme la laine de verre, produite en partie en Russie, sont beaucoup plus difficiles à obtenir.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Thierry Laureau, plombier chauffagiste dans les Yvelines, devant un de ses chantiers à Versailles. (FRANCEINFO)

Pour le moment Thierry Laureau tient les délais sur ce chantier d'un pavillon à Versailles (Yvelines), mais le plombier chauffagiste craint de ne pas pouvoir garder le rythme : "Il y a deux soucis. Il y a un problème d'approvisionnement et de pénurie de matières premières. Une augmentation du coût de l'énergie vient en plus s'additionner aux problèmes de pénurie." 

Des prix qui varient sans cesse

En un mois, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l'artisan a vu exploser le tarif des fournitures. Ces matériaux dont la production nécessite de consommer de l'énergie, du gaz notamment dont les prix sont montés en flèche. "L'acier, je lisais que c'était 142%. Le bois, c'est entre 30 et 110%. On a même des produits sur lesquels on nous donne un prix aujourd'hui, mais on sera facturé au jour de la livraison. On ne sait pas quand le produit arrivera, ce qu'il aura pris. On navigue vraiment à vue"

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Les fournisseurs viennent eux aussi à manquer. Certains ont même arrêté leur production, raconte Thierry Laureau : "Ils commencent à fermer des usines parce qu'ils estiment que, de toute façon, ils ne pourront pas écouler le produit au prix où il va leur revenir."

"Les aciers, les carrelages, les tuiles, les appareils sanitaires, la porcelaine qui passe au four aussi... C'est principalement ces produits-là qui vont poser problème dans les mois qui viennent."

Thierry Laureau

à franceinfo

Pour les devis de chantier déjà signés, l’entreprise de Thierry Laureau absorbe une grosse partie des augmentations de dernière minute. Pour ceux qui arrivent en revanche, c’est différent : "Les clients qui reviennent aujourd'hui avec des devis qu'on leur a fait il y a trois ou quatre mois, six mois, effectivement, on leur dit qu'on va encore faire une mise à jour. Parfois, ils sont un peu surpris de l'écart de prix du premier devis et du second." Toute la filière réduit la durée de validité des devis, de 15 jours au lieu d'un à trois mois pour ceux des clients et bien moins encore pour les artisans.

Un risque d'abandon de chantier

David Morales, vice-président de la Capeb, la fédération des artisans du bâtiment, possède une entreprise en Haute-Garonne. En réunion à Paris, il apprend une mauvaise nouvelle : "J'ai eu un coup de fil de mon fils il y a une petite heure qui m'a dit qu'on nous annonçait des hausses sur la laine de verre de 15% d'ici le 1er avril. Il y a plusieurs composants à l'intérieur de la laine de verre qui viennent de Russie. De mémoire de fabricant, d'industriel, d'artisan, ce genre de choses n'est jamais arrivé."

"Il y a peut-être même des gens qui vont être obligés d'abandonner leurs chantiers parce qu'ils ne pourront pas gagner suffisamment d'argent pour payer leurs salariés et leurs fournitures."

David Morales

à franceinfo

Mais David Morales relativise: "Il ne faut pas qu'on oublie aussi qu'il y a des gens en Ukraine qui sont beaucoup plus à plaindre que nous. C'est ça aussi la solidarité, je pense." Et même si le conflit s’arrêtait rapidement, ses conséquences économiques sur le bâtiment en Europe pourraient se prolonger six mois à un an.

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