Cet article date de plus d'un an.

Centre historique d'Odessa au patrimoine mondial de l'Unesco : cela "offre un niveau de protection juridique extrêmement élevé", se félicite Audrey Azoulay

En dépit de l'opposition de la Russie, le centre historique de la ville portuaire d'Odessa, en Ukraine, a été inscrit mercredi sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des personnes passent devant des obstacles antichars dans le centre-ville d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, le 5 avril 2022. (OLEKSANDR GIMANOV / AFP)

Le centre historique d'Odessa a été inscrit, mercredi 25 janvier, parmi les sites en péril de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) ce qui "offre un niveau de protection juridique extrêmement élevé, le plus élevé", explique sur franceinfo Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco. Une décision importante pour la directrice car "elle s'impose à tous et fait désormais partie de l'ordre juridique international". Concernant le vote, Audrey Azoulay précise que la Russie "qui fait partie des Etats membres de l'Unesco", n'a pas "voté en faveur" de cette inscription.

franceinfo : En quoi cette inscription va-t-elle protéger la ville de plus amples destructions ?

Audrey Azoulay : C'était la demande et le souhait du président Zelensky devant l'Unesco à la fin de l'année 2022. Tout le monde connait Odessa grâce au cinéma, aux écrivains, à cette architecture incroyable et à ce mélange d'influences. C'est un joyau du patrimoine. Nous nous sommes mobilisés en urgence pour les aider, les accompagner.

Cette inscription offre un niveau de protection juridique extrêmement élevé, le plus élevé. C'est d'ailleurs la convention de l'Unesco la plus ratifiée, il y a 194 États membres qui s'engagent à protéger, valoriser et à ne pas endommager, notamment en cas de conflit. C'est ce niveau symbolique, juridique qui peut aussi se traduire opérationnellement par des programmes de soutien renforcé. C'est tout ça qui vient d'être décidé ici à l'Unesco.

"Cette décision qui a été prise, elle est là. C'est un fait. Elle est entrée dans le droit. Elle s'impose à tous, aux 194 États membres qui ont ratifié la convention du patrimoine mondial. Cette décision fait désormais partie de l'ordre juridique international."

Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco

à franceinfo

Est-ce que la Russie a participé à ce vote ? Comment se sont passés les débats autour de cette inscription ?

La Russie fait partie des États membres de l'Unesco. Elle a participé à la discussion mais elle ne fait pas partie des États qui ont voté en faveur de l'inscription d'Odessa au patrimoine mondial. C'était une procédure très particulière. C'était un comité du patrimoine mondial extraordinaire qui s'est réuni et qui a inscrit trois sites en urgence sur la liste du patrimoine du fait de leur situation particulière [en plus d'Odessa un site au Yémen et un au Liban]. Il y a donc eu des débats extrêmement nourris qui se sont soldés par cette décision. Parmi les 21 membres du comité, un certain nombre d'Etats se sont abstenus, une majorité a voté pour et un État a voté contre. Les Russes ont fait valoir des arguments liés à la procédure, il y a également eu un débat pour l'expertise.

Est-ce que cette inscription va apporter une aide financière à la ville d'Odessa ?

Absolument. Ça permet d'avoir des programmes renforcés d'assistance financière, de coopération internationale. Ça veut dire aussi que dans cette période de guerre, il y a des mécanismes de surveillance particuliers comme un système satellitaire - déjà en place aujourd'hui - qui regarde précisément ce qu'il se passe sur les sites du patrimoine mondial et qui le documente et ce sera aussi le cas pour Odessa à l'avenir. 

"Cela permet de mobiliser des fonds pour ensuite avoir des programmes de coopération pour réparer, par exemple, les dégâts infligés mais aussi pour aider de façon préventive à protéger, in situ, les biens culturels grâce à des équipements spécifiques très demandés aujourd'hui par les Ukrainiens."

Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco

à franceinfo

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.