Cet article date de plus de six ans.

Brexit : à la frontière entre les deux Irlandes, les entrepreneurs dubitatifs

Un premier accord sur le Brexit devrait préciser d’ici vendredi l’avenir de l’Irlande : le Sud continuera à faire partie de l’UE, tandis que le Nord la quittera. À la frontière entre les deux, les entrepreneurs de Londonderry sont dubitatifs.

Article rédigé par Antoine Giniaux - (France Inter)
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une rue de Londonderry, en Irlande du Nord, le 11 septembre 2017. (CLODAGH KILCOYNE / REUTERS)

C’est une première étape pour le Brexit : les chefs de gouvernement des 27 ont rendez-vous jeudi 14 décembre à Bruxelles pour valider d'ici vendredi un premier accord. Il devrait notamment préciser ce que sera l’avenir de l’Irlande. Un avenir sans frontière entre le Sud, qui continuera à faire partie de l’Union européenne, et le Nord qui n’en fera plus partie. A Londonderry, à la frontière entre les deux Irlandes, la plus grande peur de George Flemming, qui dirige une usine de matériel agricole, est le retour des barbelés et des douaniers. Et pour cause : ses ouvriers viennent du nord comme du sud de l’île. Il était ainsi vital pour lui que Londres s’engage à ne pas reconstruire de frontières.

La terrible incertitude de l'année 2017

"On fait 30% de notre chiffre d’affaires avec la République d’Irlande, explique-t-il. Alors cette année, l’incertitude était terrible." Aujourd’hui, il se dit satisfait que l’Union européenne et le Royaume-Uni aient trouvé un accord. "C’est vrai, concède George Flemming, qu’il y aura peut-être un formulaire supplémentaire à remplir, mais cela ne sera sans doute pas trop compliqué."

Les Républicains indépendantistes sont loin de partager cet optimisme. Parmi eux se trouve Peadar Whelan, ancien combattant de l’IRA. Il a passé 16 ans en prison et milite maintenant pour le processus de paix. Le gouvernement britannique, à l’entendre, n’aurait rien résolu : "Je ne crois pas ce qu’ils disent, s’indigne Peadar Whelan. L’une des raisons pour lesquelles il y a eu le Brexit, c’est l’immigration."

S’ils veulent limiter la liberté de mouvement des gens, il faudra bien qu’il y ait une frontière.

Peadar Whelan

Il redoute par ailleurs un effet négatif sur le financement des programmes transfrontaliers par l’Europe ou sur les services de santé. Face à ces interrogations, les unionistes du DUP, alliés du gouvernement de Londres répondent que des solutions seront trouvées au cas par cas. "Tout le monde cherche à trouver une réponse, mais il y a sans doute des réponses multiples", relativise Lee Reynolds, le directeur politique du parti.

On a un déjà marché unique de l’énergie en Irlande. C’est un argument pour qu’on maintienne la même réglementation.

Lee Reynolds, directeur politique du DUP

Il y aurait même, selon lui, d’autres cas intéressants : dans le domaine de la santé des animaux, où l’Irlande est considérée comme une seule et même île, ou celui des diplômes des docteurs, qui sont reconnus des deux côtés de la frontière. L’idéal pour éviter les tensions, conclut un peu ironiquement le maire de Londonderry, serait d’aligner la plupart des réglementations du Royaume-Uni sur celles de Bruxelles. Autrement dit, faire un Brexit, sans Brexit.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.