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Brexit et Covid-19 : dans le Kent, la crainte de la double peine et des embouteillages sans fin

Alors que le Royaume-Uni va consommer dans quelques jours son divorce avec l'Union européenne, les transports routiers sont soumis à des contrôles sanitaires pour emprunter le tunnel sous la Manche.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les véhicules commencent à passer par les cabines d'enregistrement du terminal des ferries du port de Douvres, dans le Kent, au sud-est de l'Angleterre, le 23 décembre 2020, après un test Covid-19 des conducteurs. (JUSTIN TALLIS / AFP)

"En juillet, il n’y avait que des champs ici et regardez ce que c’est devenu", soupire Sharon Swandale, porte-parole de l’association Village Alliance. Elle désigne un immense no man’s land où s’activent pelleteuses et tractopelles qui mangeraient presque la petite église de Sevington, toute proche, ici, dans le Kent, au sud-est de l'Angleterre. 2 000 camions pourront bientôt stationner dans ce centre de contrôle douanier, qui ne sera pas terminé avant février. D’ici là, c’est la grande inconnue, se désole Sharon Swandale.

>> Brexit : 10 chiffres pour comprendre le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne

À quelques jours de la sortie du Royaume-Uni de la période transitoire qui le maintenait encore un peu dans l’Union européenne, les habitants du Kent redoutent de voir se rééditer le scénario de la veille de Noël où des milliers de camions sont restés bloqués aux portes du tunnel sous la Manche. Une perspective sombre, pour une région par ailleurs frappée par la nouvelle variante de coronavirus.

"Même avec un accord, on ne sait pas ce qui va se passer samedi, est-ce que chaque situation va être vérifiée ? Cela prend vingt minutes par camion : est-ce que chaque camion va être inspecté ? Cela prend trois heures !"

Sharon Swandale

à franceinfo

Ici, on craint de revivre le cauchemar de la semaine dernière : ces milliers de routiers bloqués, dans l’attente d’un test Covid-19. Mais cette fois, tout va bien se passer, veut croire Paul Bartlett, conseiller municipal conservateur d’Ashford. "Les règles sont très claires, et très simples, rappelle-t-il. Cela fait trois mois que le gouvernement fait le maximum pour informer les transporteurs. Ils ne pourront pas rentrer dans le Kent s’ils ne sont pas dans le vert, ou le orange..."

Vert, orange, rouge, soit le code-couleur décroché sur une application dédiée, doit valider les formalités administratives. Mais les contrôles ne devraient pas être trop stricts dans un premier temps, pour éviter la congestion tant redoutée.  L’accès aux services hospitaliers, bloqué par le trafic ? Sur place, ce n’est pas cela qui inquiète le plus.

"Les gens sont surtout préoccupés par le Covid. Le Brexit est passé à l’arrière-plan, en tout cas je l’espère ! Je ne pense pas que le Brexit soit encore un problème, maintenant qu’on a un accord. Je m’inquiète beaucoup plus du Covid-19 que du Brexit."

Paul Bartlett

à franceinfo

Sur le parking de l’hôpital William Harvey, on rencontre aussi Jill, sage-femme, rassurante sur la capacité du système de santé à faire face. "Je pense qu’on y arrive, explique-t-elle. On est au maximum de nos capacités. Mais ce n’est pas la crise, non. Le système de santé britannique est remarquable : vous seriez étonnés de voir comment il fait face..." Mais avec un taux d’incidence presque deux fois supérieur à la moyenne nationale, le Kent est comme frappé de double peine, entre nouvelle variante du Covid-19 et conséquences redoutées du Brexit.

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