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Espionnage américain : Chirac, Hollande et Sarkozy ont-ils été imprudents ?

Les nouvelles publications de WikiLeaks confirment que les Etats-Unis ont écouté les trois derniers présidents français. 

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Hollande au téléphone, le 20 mars 2015, à Bruxelles (Belgique). (ALAIN JOCARD / AFP)

Les écoutes de la NSA sont "inacceptables", selon le conseil de Défense. Mais pas surprenantes. Anciens ministres et diplomates réagissent vivement, mercredi 24 juin, aux nouvelles révélations de WikiLeaks. Les Etats-Unis ont écouté les conversations téléphoniques de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande avec leur entourage. Les échanges sont peut-être "sensibles", mais les documents publiés mardi ne dévoilent pas de secrets d'Etat. Signe que ces trois présidents s'étaient probablement prémunis contre ces pratiques envahissantes. 

"Les conversations se faisaient hors téléphone"

Mercredi, la plupart de ceux qui ont été mis sur écoute ne semblent pas surpris. Pour Mediapart, Jean-David Levitte, ex-ambassadeur français aux Etats-Unis, puis conseiller diplomatique de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, raconte sa prudence : "Je suis toujours parti du principe que j’étais écouté. Cela va avec la fonction… Une fois qu’on a intégré cela, on adapte ses pratiques."

Comment s'adapte-t-on ? "Les conversations qu'il pouvait y avoir entre le ministre de la Défense et le président de la République se faisaient hors téléphone", assure Michèle Alliot-Marie, ex-ministre de la Défense et des Affaires étrangères, sous les mêmes présidents.

Des lignes sécurisées "très efficaces, quand on s'en sert"

Heureusement, car "Jacques Chirac était célèbre pour son utilisation quasi-permanente du portable", raconte Alain Juillet, patron du renseignement en France au début des années 2000, à francetv info. Et son successeur n'a jamais réussi à adopter le Teorem, de Thales. Mis au point avec la Direction générale de l'armement, cet appareil ultra-sécurisé, à la conception gardée secrète, est pourtant un dispositif "très efficace, quand on s'en sert", assurait le spécialiste de la sécurité Alain Bauer sur France Inter, en 2013.

Encore faut-il l'utiliser, donc. Car l'appareil est imposant, ne dispose pas de répertoire, ni d'aucune application, décrit Challenges. "Vous imaginez Nicolas Sarkozy avec un tel engin ? Cela s’est vite terminé et il est repassé sur un téléphone normal, que tout le monde pouvait écouter", poursuit Alain Juillet. Europe 1 croit savoir que "seule Christine Lagarde, ministre de l'Economie entre 2007 et 2011, se servait quotidiennement du Teorem".

Quant à François Hollande, il utilise quotidiennement son smartphone pour échanger avec ses proches et les journalistes. Le président de la République estime, toujours selon Europe 1, que "ce qui relève du privé n'a pas forcement à être protégé". Une considération en accord avec la loi sur le renseignement défendue par le gouvernement Valls, qui prévoit notamment des écoutes toujours plus intrusives.

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