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Ce que les écoutes de la NSA disent des trois présidents français espionnés

De 2006 à 2012 au moins, l'Agence nationale de sécurité américaine a intercepté des communications de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. 

Article rédigé par franceinfo
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François Hollande et Nicolas Sarkozy échangent, le 10 décembre 2013, en marge de l'hommage consacré à Nelson Mandela, à Johannesbourg (Afrique du Sud).  (ELMOND JIYANE / GCIS / AFP)

Les documents ne dévoilent "aucun secret d'Etat", mais décrivent les coulisses de l'exercice du pouvoir. Pendant au moins six ans, de 2006 à 2012, l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a espionné les présidents français. C'est ce que révèlent des documents WikiLeaks, publiés en exclusivité par Libération et Mediapart, mardi 23 juin. Réalisées sur la base d'écoutes, les notes de la NSA décrivent des scènes de la vie politique de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.  

Francetv info vous détaille ce qu'on y apprend. 

Les rendez-vous secrets de Hollande sur la crise de la zone euro

C'est le document le plus récent. Daté du 22 mai 2012, soit quelques jours après l'entrée en fonction de François Hollande, il s'intitule "Le président français approuve des consultations secrètes de l'Eurozone, rencontre avec l'opposition allemande". Dans cette note, la NSA raconte des conversations téléphoniques entre le président et son Premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault.

Ils discutent crise dans la zone euro et situation de la Grèce. François Hollande souhaite la tenue de "réunions secrètes" pour évoquer le problème. Le président y est décrit comme "très inquiet pour la Grèce et pour le peuple grec". Il trouve Angela Merkel, qu'il vient de rencontrer, "obnubilée par le Pacte budgétaire et surtout par la Grèce qu'elle a laissée tomber", traduit Mediapart.

Le document révèle aussi le souhait de François Hollande de rencontrer des cadres du Parti social-démocrate allemand (SPD). Le Premier ministre lui conseille de garder "la réunion secrète" pour éviter des "problèmes diplomatiques (...) si la chancelière allemande venait à découvrir que Hollande discute dans son dos avec l'opposition". La réunion a bien eu lieu, le 13 juin 2012, à Paris, avec Sigmar Gabriel, Frank-Walter Steinmeier et Peer Steinbrück. Une rencontre peu appréciée par Angela Merkel, comme l'avait prédit le Premier ministre, note Libération

Quand Sarkozy se voit en sauveur de la crise financière

Trois notes concernent le quinquennat de Nicolas Sarkozy. L'une d'elles, datant d'octobre 2008, dresse un portrait peu flatteur de l'ex-président, qui "se voit comme le seul homme capable de résoudre la crise financière mondiale". Dans ce document, la NSA affirme que l'ex-président "considère qu’il est de sa responsabilité envers l’Europe et le monde de monter au créneau pour résoudre la crise financière mondiale"

Surtout, il "croit que Washington tient désormais compte de certains de ses conseils". L'agence écrit encore : "Selon lui, c’est la première fois que les États-Unis n’ont pas agi en leader dans la gestion d’une crise mondiale, et la France va maintenant prendre la main." 

Une autre note, datée de juin 2011, décrit les efforts de Nicolas Sarkozy pour organiser des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens. L'agence américaine affirme qu'il envisageait d'en appeler au président russe d'alors, Dmitri Medvedev, "pour une éventuelle initiative commune" au Proche-Orient, mais "sans les Etats-Unis".

Les ordres de Chirac à Douste-Blazy

La NSA a aussi espionné Jacques Chirac lorsqu'il était au pouvoir, selon WikiLeaks. Le document qui le concerne date de 2006. L'agence américaine raconte comment l'ancien président a fait pression sur son ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy pour qu'il soutienne la candidature du Norvégien Terje Roed-Larsen au poste de secrétaire général adjoint de l'ONU. 

Selon cette note, "Chirac a expliqué sur un ton limpide et déterminé comment il souhaitait que Douste-Blazy procède, lui demandant de prendre contact avec le nouveau secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon et de lui dire ce que Ban pense de cette nomination". La NSA interprète cela comme "une réponse à la propension du ministre des Affaires étrangères (...) à faire des remarques importunes ou inexactes".

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