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Catalogne : comment les étudiants, "principaux protagonistes" de la mobilisation indépendantiste vivent-ils le nouveau scrutin ?

La Catalogne aborde la dernière ligne droite avant les élections régionales de jeudi. Un scrutin observé par les étudiants de Barcelone à la fois avec passion et inquiétude. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un grand ruban jaune, symbole pour la liberté des prisonniers politiques, affiché à l'université d'économie de Barcelone. (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

En Catalogne, les élections régionales convoquées par Madrid après la destitution du gouvernement de la province sont prévues jeudi 21 décembre. En octobre, les étudiants étaient descendus en masse dans les rues. À deux jours du scrutin, malgré les révisions, les étudiants s'informent et s'impliquent, tout en observant parfois le rendez-vous électoral avec de l'inquiétude. 

Le reportage de Grégoire Lecalot à l’université d’économie de Barcelone, à deux jours des élections régionales

Comme ses amis de l’université d’économie de Barcelone, Marta est en pleine préparation des examens de janvier. Cette étudiante de 19 ans a bien l’intention de les réussir, et ce n'est donc pas vraiment le moment de faire de la politique. Indépendantiste de cœur, elle reste fière de la mobilisation de cet automne, des nombreuses manifestations et des appels à la grève. "Le mouvement étudiant a été le principal protagoniste ces deux derniers mois. Chaque fois qu’on voyait qu’il se passait quelque chose, on sortait dans la rue pour bloquer l’avenue Diagonal, à côté d’ici", se souvient-elle. Pour Marta, les étudiants, qui donnent le tempo, peuvent bloquer le pays.

Les plus âgés ne peuvent pas faire de grèves illimitées. Nous, c’est moins grave si on s’arrête trois jours pour réclamer nos droits.

Marta, étudiante en économie à Barcelone

à franceinfo

Dans les couloirs de la fac d’économie, des affiches avec un grand ruban jaune sont visibles. Jordi, 20 ans, qui étudie le droit et l’administration des entreprises, explique qu'il s'agit du symbole pour la liberté des prisonniers politiques. "Qu’ils soient exilés en prison, c'est mal, mais qu’ils se présentent aux élections, c’est bien", lance-t-il. À la porte d’un amphi où une association étudiante a organisé un débat électoral, la doyenne de la faculté, Elisenda Paluzie, affirme que le vote étudiant ne fait aucun doute. "Les enquêtes nous disent qu’ils votent plus pour l’indépendance que les personnes plus âgées", explique-t-elle.

Ce sont des gens qui n’ont pas connu la dictature de Franco. Ils se croyaient dans une société démocratique où on pouvait discuter de tout et apparemment, il y a un sujet, celui de l’indépendance de la Catalogne, sur lequel on ne peut pas discuter normalement en Espagne.

Elizenda Paluzie

à franceinfo

Les étudiants s'informent par le biais de discussions. Carlo, 20 ans, sort du débat électoral, mais "rien de nouveau", dit-il, déçu. Il glissera un bulletin unioniste dans l’urne. Cet étudiant, inscrit dans l’une des plus prestigieuses écoles de commerce privées de Barcelone, se montre inquiet pour son avenir.

Dans ma classe, tout le monde envisage une carrière internationale. Les grandes entreprises qui nous offraient un bon travail sont parties. Donc, on va partir avec elles.

Carlo, étudiant en école de commerce à Barcelone

à franceinfo

Nacho, étudiant en science politiques, a lui aussi assisté au débat. Il affiche clairement son opinion en portant un ruban jaune et un badge en faveur de l’indépendance. A ses yeux, la crise n'est pas un argument recevable.

Ce ne sont pas 3 000 entreprises qui sont dehors. L’impact économique est minimum.

Nacho, étudiant en sciences politiques

à franceinfo

Sitôt le débat terminé, ces étudiants ne s'attardent pas dans les couloirs. Les examens sont programmés le mois prochain et l'heure est aux révisions. 

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