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Les populismes en Europe (3/9) : en Espagne, Sebastian Abascal, el conquistador

À deux mois des élections européennes, franceinfo tente de comprendre la montée des populismes en Europe. En Espagne, Santiago Abascal dirige Vox, une formation d'extrême-droite encore petite, mais qui progresse au fur et à mesure des scrutins.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Santiago Abascal, à Grenade, le 26 novembre 2018. (CRISTINA QUICLER / AFP)

Ce n'est pas encore une figure très connue sur la scène européenne, mais on va bientôt en entendre parler à la faveur des élections européennes : Santiago Abascal. Leader d'un tout petit parti d'extrême-droite, Vox, qui n'a pas encore de députés au parlement national espagnol (seulement dans l'assemblée régionale d'Andalousie), mais qui compte bien faire la bascule aux élections du printemps, en Espagne comme en Europe.

Populisme Espagne (Luca Piergiovanni/EFE/Newscom/MaxPPP)

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C'est un homme qui se présente comme un nouveau venu. Il bouscule le jeu politique et pourtant lui aussi il vient du "système". Santiago Abascal a 18 ans seulement quand il adhère au Parti populaire, chez lui, au Pays Basque. Il a un grand-père franquiste et un père membre d'un parti extrémiste. Mais ce qui le façonne surtout, ce sont les "années de plomb" d'ETA, les enlèvements, les bombes cachées sous les voitures. De cette période, il gardera une haine viscérale contre toute forme d'indépendantisme. D'ailleurs, on dit qu'il porte toujours un Smith & Wesson sous ses costumes.

Abascal, 43 ans, cheveux courts et collier de barbe bien taillé, se voit volontiers en sauveur de l'unité et de la grandeur de son pays. En sauveur, ou plutôt en "conquistador". "Vous êtes ici pour défendre votre patrie, pour défendre votre liberté, parce que Vox n'est qu'un instrument au service de l'Espagne. L'Espagne ne s'arrêtera pas tant qu'elle n'aura reconquis sa grandeur, sa dignité et son destin. Vive l'Espagne !", peut-on voir et entendre dans un clip de campagne, où on le voit à cheval dans les plaines de la Sierra Nevada. Allusion claire à la Reconquista du Moyen Âge.

C'est comme ça qu'Abascal voit son parti : comme l'histoire d'une reconquête. C'est avec cette rhétorique nationaliste et populiste que Vox va réussir à se faire une place dans le paysage politique espagnol et européen.

Parti de rien, ou presque

Abascal crée Vox en 2013, deux ans plus tard, le premier test électoral est un échec : 0,23 % des voix. Mais en décembre dernier, en Andalousie, Vox atteint 11%. À son programme figurent l'expulsion des immigrés illégaux, l'interdiction de l'enseignement de l'islam, la fin des subventions publiques aux "organismes féministes", la suppression des parlements régionaux...

Il ne sait pas ce veulent les citoyens, il ne sait rien sur aucun thème.

Susana Serrano, de Podemos

à franceinfo

Mais Abascal a-t-il vraiment l'étoffe d'un chef ? "On voit bien dans ses interviews qu’il n’a pas de contenu politique, juge Susana Serrano, responsable de Podemos en Andalousie, sa première adversaire politique. En Andalousie, c’est la même chose. Leurs élus n’ont rien, à part être 'contre' : contre les migrants, contre les droits des femmes, contre les homosexuels... Ce discours vide et archaïque, ça fait un peu honte, à vrai dire."

Les électeurs, eux, sont moins critiques. Vox pourrait être crédité de 10% des voix aux prochaines élections, c'est beaucoup pour un pays qui, depuis 40 ans et la fin du franquisme, n'avait pas de parti d'extrême-droite au Parlement.

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