TotalEnergies: "Je ne travaille pas pour eux", explique Jean-Christophe Rufin, chargé d'un rapport autour d'un projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique
"Je ne travaille pas pour Total. Les décisions qu’ils vont prendre seront de leur responsabilité", explique tout de suite Jean-Christophe Rufin. TotalEnergies a commandé un rapport à cet écrivain prix Goncourt, ex-ambassadeur, ex-patron d’Action contre la faim et pionnier de Médecins sans frontières. Jean-Christophe Rufin est chargé d’évaluer la situation socio-économique et humanitaire au Mozambique, là où TotalEnergies doit prendre part à un projet de gaz naturel liquéfié. Le géant français du pétrole et du gaz en détient 26 % des parts. Ce projet a été interrompu en 2021, après les attaques dans la région de groupes djihadistes affiliés à Daech.
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Le PDG de TotalEnergies doit en parler, vendredi 26 mai, lors de l'assemblée générale annuelle de l'entreprise, un rendez-vous qui a déjà été perturbé par des militants de Greenpeace, Extinction Rebellion ou encore, les Amis de la Terre. Dans ce rapport commandé à Jean-Christophe Rufin, l'écrivain émet critiques et conseils. Il s'explique pour la première fois sur cette "collaboration" : "J’ai hésité bien sûr. L'idée, c'était de dire, comment faire en sorte qu'un investissement puisse se faire dans le respect et au bénéfice des populations", précise l'ancien président d'Action contre la faim. Parmi les critiques qui ressortent du rapport, il y a les délais, trop longs, d’indemnisation des personnes déplacées.
Pour l'Agence internationale de l'énergie, TotalEnergies doit renoncer à tout projet gazier
L’ex-ambassadeur demande aussi un "plan de développement local cohérent", notamment quand on reloge des pêcheurs qui ont dû laisser place au site industriel. "Si on les met tous au même endroit, il y aura une surfréquentation et ils ne pourront plus bénéficier de ressources marines suffisantes", estime-t-il.
Il y a aussi la question de l’impact climatique. L’Agence internationale de l’énergie appelle à renoncer à tout nouveau projet gazier et pétrolier pour limiter le réchauffement de la planète. "Mon rapport ne porte pas sur cela. De toute façon, un projet comme cela se fera. Vous n'allez pas dire au Mozambique, "il y a des ressources gazières et vous n'allez pas les utiliser". Si ce n'est pas le consortium dont fait partie Total qui le fait, ce seront des pays où les droits de l'homme sont beaucoup moins un sujet", assure Jean-Christophe Rufin. L'hypothèse d'un projet chinois est un argument souvent utilisé par Total et souvent aussi contesté par des ONG.
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