Sommet de l'océan à Brest : "L'urgence c'est d'arrêter que le plastique arrive dans l'océan", appelle l'ancien président du Museum National d'Histoire Naturelle
"Notre ennemi, c'est la démesure", notamment vis-à-vis du plastique, estime Gilles Boeuf. "Pas la voiture, pas l'avion".
"Demain, il y aura plus de plastique que de plancton dans l'océan", a dénoncé Gilles Bœuf, professeur de biologie et de biodiversité à la Sorbonne, ancien président du Museum National d'Histoire Naturelle, invité vendredi 11 février de franceinfo. "Il faut qu'on change au niveau des mentalités", a-t-il résumé, au dernier jour du One Ocean Summit, le sommet de l’océan qui se termine à Brest.
"L'océan est une poubelle aujourd'hui, c'est effarant, alors qu'il représente le plus grand écosystème du système terre", a déploré le professeur qui a rappelé qu'il n'y a "pas que le plastique, même s'il est très visible, il y a aussi les perturbateurs endocriniens, les métaux lourds, les questions de surpêche et d'exploitation des grands fonds". "Il n'y a pas des océans mais un océan" car il n'y a "aucune barrière dans l'océan" et "cet océan, il est malade", a regretté Gilles Bœuf. Selon lui, "il n'y a qu'un océan en bonne santé qui peut assurer ce rôle de régulateur du climat, de mère nourricière".
Avec un océan malade, l'oxygène diminue
Il a ainsi invité à se rappeler que l'océan, "c'est l'origine de la vie", que "tout le monde doit se sentir concerné" face "à ce gigantesque bien commun de l'humanité".
"On a tous un petit océan au sein de chacun, regardez vos prises de sang la prochaine fois, le sodium, le chlorure, c'est quoi ? C'est l'océan."
Gilles Bœuf, ancien président du Museum National d'Histoire Naturelleà franceinfo
"Le sang humain, le cerveau, racontent l'apparition de la vie dans l'océan", a-t-il expliqué avec ferveur. Le professeur a décrit un phénomène "extrêmement préoccupant pour les populations humaines", avec "un océan qui est en train de monter, se réchauffe, se sale par endroit, l'oxygène diminue". "Notre ennemi, c'est la démesure", notamment vis-à-vis du plastique, a estimé Gilles Bœuf, "pas la voiture, pas l'avion".
Il faut, selon lui, "s'attaquer au problème pour faire que le plastique n'arrive jamais à l'océan". Il a suggéré d'utiliser du plastique "qui soit recyclable, réutilisable" et "d'arrêter d'utiliser l'océan comme une poubelle". "Ramasser le plastique c'est bien, mais l'urgence c'est d'arrêter qu'il arrive dans l'océan", a insisté le professeur. "Ce que j'aimerai, en tant que scientifique, c'est qu'enfin on nous écoute, le politique doit tenir compte de l'état des connaissances scientifiques pour prendre ses décisions", a conclu Gilles Bœuf.
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