Cet article date de plus de deux ans.

Les pesticides sont présents dans tous les environnements et nuisent à la biodiversité, selon un rapport

L'ensemble des milieux terrestres, aquatiques et marins français sont concernés par cette pollution, qui menace de nombreuses espèces.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un tracteur répand un traitement chimique dans un champ de maïs dans l'Oise, le 2 juin 2021. (SYLVAIN CORDIER / BIOSPHOTO / AFP)

On les retrouve dans les champs, dans nos assiettes, et même au fond des océans. Les produits phytosanitaires (pesticides, fongicides...) utilisés par le secteur agricole contaminent bien tous les milieux, avec des effets délétères sur la biodiversité, selon les conclusions d'une étude dévoilée jeudi 5 mai.

Cette méta-analyse a mobilisé une quarantaine d'experts pendant deux ans pour synthétiser les quelque 4 000 études scientifiques déjà publiées sur le sujet. Elle a été réalisée par l'Inrae (Institut national de la recherche agronomique) et l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) à la demande des ministères de la Transition écologique, de l'Agriculture et de la Recherche.

Le résumé est clair : les pesticides contaminent tous les milieux. Ils sont présents principalement dans les zones agricoles, mais ils se diffusent jusque dans les océans, "avec une diminution des concentrations par un effet de dilution", décrit Wilfried Sanchez, directeur scientifique adjoint de l'Ifremer. Et dans tous ces environnements, "les produits phytopharmaceutiques sont une des causes majeures du déclin de certaines populations" d'animaux, souligne Stéphane Pesce, chercheur à l'Inrae.

Des leviers pour réduire leur utilisation

Les espèces affectées vont des oiseaux aux invertébrés terrestres, comme les abeilles ou des coléoptères, en passant par les chauve-souris et les amphibiens. Mais l'étude insiste aussi sur les effets sublétaux, comme les pertes d'orientation ou les déficiences immunitaires. Les effets indirects sont eux aussi pris en compte : par exemple, en diminuant les populations d'abeilles, les produits phytosanitaires affectent négativement la pollinisation. Bonne nouvelle tout de même, la présence de ces substances diminue dans le temps, même si certaines, comme le DDT, sont toujours détectables bien après leur interdiction.

Les différents plans Ecophyto mis en place depuis le Grenelle de l'environnement, fin 2007, n'ont pas permis de réduire l'usage des pesticides en France. Les experts ont donc identifié des "leviers" pour limiter leur impact : réduire leur usage, ne pas traiter en cas de vent fort ou de pluie, les appliquer au plus près du sol ou aménager des zones tampons dans le paysage pour éviter leur propagation. Le biocontrôle, qui les remplace par d'autres espèces ou mécanismes naturels, est aussi mis en avant, même si les connaissances sont encore limitées. Malgré les milliers d'études parcourus, le rapport montre des lacunes "encore importantes" dans les connaissances et appelle à d'autres recherches prenant en compte ensemble tous les impacts.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.