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Montagne d’Or : trois questions pour comprendre la polémique autour du projet de mine d’or en Guyane

Emmanuel Macron a annoncé lundi que le projet minier de la Montagne d’Or en Guyane n’était pas compatible avec des ambitions écologiques, laissant envisager l’épilogue de cette séquence de deux ans qui oppose notamment élus locaux et ONG écologistes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le secteur du projet de mine d'or de la Montagne d'or, en Guyane, en avril 2018. (ANNE-LAURE BARRAL / RADIO FRANCE)

"À l'heure actuelle, ce que je sais du projet n'est pas compatible avec l'ambition que je viens de fixer", déclarait Emmanuel Macron le lundi 6 mai à propos de l'avenir du projet minier de la Montagne d'or en Guyane, laissant envisager l’épilogue d’une bataille de deux ans entre opposants et partisans du projet de mine industrielle.

La Montagne d’Or, qu’est-ce que c’est ?

La Montagne d’Or est un projet minier aurifère qui attend depuis deux ans l'autorisation du gouvernement pour être lancé. Décrié par les associations environnementales, le projet prévoit l'exploitation à ciel ouvert d'une mine d’or d'une superficie de 800 hectares sur 200 mètres de profondeur, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent du Maroni, en forêt tropicale, via un procédé de récupération de l'or par cyanuration en circuit fermé. Grande comme 32 stades de France, creusée à l'explosif, la mine, exploitée par la compagnie de la Montagne d’Or, société française portée par un consortium russo-canadien, permettrait l’extraction de quelque 85 tonnes d'or en douze ans. Si le projet voyait le jour, il s’agira du plus gros projet aurifère français. 

Pourquoi le projet divise-t-il ?

Soutenu par le patronat local et une partie des élus, le projet rencontre la défiance des associations de défense de l'environnement et des organisations amérindiennes de Guyane. Si les promoteurs du projet vantent la création de quelque 750 emplois directs et 3 000 emplois indirects dans un territoire sinistré par un chômage endémique, dès les prémices du débat public organisé dans la région de mars à juillet 2018, ses opposants évoquent une catastrophe écologique. Le projet déforesterait 1 500 hectares de forêt amazonienne, refuge de près de 1 700 espèces sauvages protégées. En outre, l'extraction de l'or est réalisée à l'aide de cyanure, un dangereux poison. Le lieu abrite par ailleurs de nombreux sites archéologiques et représente un quasi sanctuaire pour les populations amérindiennes. Certains, dont le WWF, évoquent un "mirage économique" : si le projet permettrait de lever plus de 300 millions d'euros de taxes et impôts, dont 67 millions de taxes locales, il supposerait par ailleurs une aide publique d’au moins 420 millions d’euros…

Lundi 6 mai, un rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, organisme intergouvernemental onusien, note de son côté que l'activité minière est l'une des causes de la destruction de la nature. Ils soulignent toutefois le paradoxe des hommes qui consomment de plus en plus de métaux précieux issus des mines pour les batteries de voitures électriques ou les smarphones, sans pour autant accepter l’installation de mines près de leur ville ou de leur campagne, les seuls endroits disponibles s’avérant in fine les derniers espaces sauvages de la planète.

Quel avenir pour la Montagne d’Or ?

Emmanuel Macron, initialement favorable au projet, avait admis le 1er février 2019, que le projet n'était "pas au meilleur niveau" en matière de respect de l'environnement, pour finalement annoncer le 6 mai que le projet était incompatible en l’état avec des ambitions écologiques et en matière de biodiversité. Le lendemain, le ministère de la Transition écologique annonçait que l’avenir du projet sera tranché en conseil de défense écologique après le mois de juin. La décision devrait être prise en concertation avec les élus locaux, pour la plupart favorables à la mine. Dans la foulée, la compagnie Montagne d'or annonçait par voie de communiqué qu'elle était "plus que jamais ouverte à un échange constructif avec le gouvernement afin de poursuivre l'amélioration" de son projet.

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