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Avion dérouté par Minsk : "C'était un acte bien préparé, pensé par le régime", s'indigne le fondateur d'un groupe d'opposition biélorusse

"C'est un régime qui ne menace pas que la sécurité des citoyens de Biélorussie, mais aussi celle des citoyens de l'Union europénne", assure sur franceinfo Alexandre Lahviniets.

Article rédigé par franceinfo
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L'avion Ryanair qui devait relier Athènes à Vilnius, dimanche 23 mai 2021 à l'aéroport de Minsk (Biélorussie). (PETRAS MALUKAS / AFP)

"C'était un acte bien préparé, pensé par le régime", s'indigne lundi 24 mai sur franceinfo Alexandre Lahviniets, professeur de sciences politiques à l’université européenne des sciences humaines de Vilnius, et fondateur d’un groupe d’opposition au président biélorusse Alexandre Loukachenko, après l'interception d'un avion reliant Athènes à Vilnius et l'arrestation d'un militant d'opposition au régime biélorusse dimanche 23 mai. Roman Protassevitch avait été placé l'an dernier sur la liste des "individus impliqués dans des activités terroristes" par le régime d'Alexandre Loukachenko.

>> Avion détourné : la compagnie Ryanair évoque un "acte de piraterie aérienne". Suivez notre direct

franceinfo : Que vous inspire ce détournement d'avion et l'arrestation du journaliste Roman Protassevitch ?

Alexandre Lahviniets : C'est un scandale. C'était un acte bien préparé, pensé par le régime. C'est sans aucun doute un acte prémédité par le régime pour se venger contre un opposant politique.

Comptez-vous sur l'Union européenne aujourd'hui ?

L'Union européenne a été un peu lente, hésitante sur la manière de réagir au régime et aux violations flagrantes des droits de l'Homme. C'est un régime qui ne menace pas que la sécurité des citoyens de Biélorussie, mais aussi celle des citoyens de l'Union européenne. Ce n'est pas acceptable qu'un pays européen puisse agir ainsi. C'est un régime paria, et il faut utiliser tous les moyens accessibles pour arrêter ce comportement.

"Il faut réagir, car si on ne réagit pas, on risque d'avoir beaucoup plus de risques pour la sécurité de toute la région."

Alexandre Lahviniets, fondateur d’un groupe d’opposition au président biélorusse Alexandre Loukachenko

à franceinfo

Êtes-vous vous-même en danger ?

N'importe quel citoyen biélorusse qui combat pour ses droits et vit dans ce pays peut être en danger. Cela dure depuis 26 ans, mais là on est dans une phase chaude : on a une campagne bien organisée contre toute manifestation de contestation, que ce soit les défendeurs des droits de l'homme, les médias indépendants ou tout simplement les militants ou des citoyens qui veulent défendre leurs droits. On a 400 prisonniers de conscience, qui sont considérés comme tels par les défenseurs des droits de l'homme. Un millier d'autres personnes ont été accusées et jugées. Chaque jour, il y a des procès. Ça continue depuis le mois d'août.

Comment cet événement peut-il jouer sur la mobilisation en Biélorussie ?

La mobilisation n'est pas aussi visible qu'auparavant, mais on sent quand même dans l'air que le mécontentement est là. La société reste divisée, c'est ce que cherche le régime. Il y a une semaine, on a eu un procès, une véritable chasse aux médias indépendants, avec le média le plus populaire. Il y a trois jours, un prisonnier politique est mort dans des circonstances inconnues en prison. Les gens sont très mécontents, mais les répressions sont assez visibles. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir une grosse mobilisation d'ici une à deux semaines. Mais le régime devient de plus en plus paria, les gens se posent des questions sur l'avenir du pays et sur leur futur immédiat personnel.

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