: Reportage "Il est midi et il y a beaucoup de places vides" : Avec le ralentissement de l'économie, les fermetures de restaurants de nouilles se multiplient en Chine
C’est un symbole de la Chine qui fait les frais du ralentissement de l’économie depuis le Covid : les restaurants de nouilles, très prisés du consommateur chinois, font face à une crise sans précédent. Confrontés à une consommation intérieure en baisse, près de 30 000 établissements ont fermé leurs portes au cours des six premiers mois de l’année. Pour les autres, encore ouverts, le quotidien est souvent compliqué.
C'est l’heure du déjeuner ici dans le quartier de Soho Sanlitun, à Pékin. Comme chaque midi, des dizaines d’employés descendent des tours d’immeuble pour prendre leur repas. Dans ce restaurant de nouilles plutôt haut de gamme, haut-parleur à la main, la gérante tente d’attirer le client avec des promotions, mais la salle a beaucoup de mal à se remplir.
"Les plats proposés dans les restaurants situés au pied de l’immeuble de mon bureau coûtent cher, dit une passante. En moyenne entre 5 et 7 euros. Je remarque que les restaurants ferment les uns après les autres autour de notre bureau... Il y en a de moins en moins". Et d'ajouter : "Moi, je fais l’attention à la dépense, parce que j’ai peur d’être au chômage".
"Je m'inquiète du risque de fermeture du restaurant"
Un peu plus loin, un autre restaurant propose des nouilles de Lanzhou, des plats halal très appréciés des Chinois. Là, il y a un peu plus de monde, mais la patronne n’a pas vraiment le sourire. "Je ne peux pas toujours faire des promotions et des cadeaux aux clients, parce que cela augmente mes coûts. Je m'inquiète du risque de fermeture du restaurant. C’est difficile de maintenir l’activité. Il y a très, très peu de restaurants qui marchent bien dans ce quartier", glisse-t-elle.
Les clients en effet sont plus que prudents, comme le confirme cet homme d'une trentaine d'années, graphiste de métier. "J'avais l'habitude de déjeuner et de dîner au restaurant, mais le soir, désormais, je cuisine à la maison. Et pour mes déjeuners, je veille à ce que ça ne dépasse jamais 5 euros. Avant, avec mes collègues, on déjeunait toujours ensemble, on partageait et ça coûtait plusieurs dizaines d’euros. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus limité et je vois que certains restaurants ferment quelque temps à peine après leur ouverture", constate-t-il à son tour.
Des baisses de revenus entre 30 et 50%
Même son de cloche pour cette employée, âgée de 37 ans, qui travaille dans le secteur de la finance : "En ce moment, l’économie n’est pas bonne. Je suis très prudente avec mon porte-monnaie. Je dépense moins. Je réduis les sorties avec mes amis et je préfère faire la cuisine à la maison. Avant, je commandais beaucoup de plats au restaurant. Aujourd’hui, je me limite au minimum, je ne gaspille pas".
"Avant les gens commandaient sans réfléchir, ils s’en moquaient du prix de la viande"
La gérante d'un restaurantà franceinfo
"Maintenant les gens font très attention aux prix, ils commandent moins de choses. Et en plus, il y a moins de clients. Regardez, il est midi, et il y a beaucoup de places vides. Avant, c’était complet à cette heure. Il n’y avait pas une place vide", détaille la patronne du restaurant de nouilles de Lanzhou.
Selon des chiffres officiels, entre janvier et juin, plus d’un million de restaurants ont fermé dans toute la Chine. Près de 1 346 000 nouveaux établissements ont ouvert, mais ce dernier chiffre est en très forte diminution par rapport aux années précédentes. La plupart des restaurants ont enregistré des baisses de revenus entre 30 et 50%.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.