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A Tianjin, "la fumée vous prend à la gorge", témoigne la reporter de France 2

Francetv info a interrogé la journaliste Martine Laroche-Joubert, qui s'est rendue à proximité des lieux de la catastrophe, où les habitants évacués sont partagés entre l'hébétude et la colère.

Article rédigé par Louis Boy - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des habitants de Tianjin (Chine), évacués de leur domicile après de puissantes explosions sur un site industriel, font la queue à l'entrée d'une tente pour obtenir des produits de première nécessité, jeudi 13 août 2015. (CAI YANG / AFP)

Le bilan provisoire fait état d'au moins 50 morts et 700 blessés, à 15 heures (heure française) jeudi 13 août, après une série d'explosions spectaculaires, la nuit précédente, dans la ville portuaire de Tianjin (Chine), au sud-est de Pékin.

>> Suivez en direct l'évolution de la situation à Tianjin après l'explosion

Les déflagrations sont parties d'un entrepôt, situé dans une vaste zone industrielle, où étaient stockés des conteneurs de produits "dangereux", dont des produits chimiques, selon des médias d'Etat. Mais la zone, bien que peu dense, abritait aussi des immeubles dont les habitants ont dû être évacués.

Jeudi, l'accès au site de l'explosion était bloqué par les autorités, comme le montre le reportage de France 2 sur place. La journaliste Martine Laroche-Joubert a constaté l'étendue des dégâts aux alentours, et le choc des habitants maintenant dans la rue. Francetv info l'a interrogée.

Francetv info : Quelle est l'étendue des dégâts autour du site de l'explosion ?

Martine Laroche-Joubert : Les vitres des immeubles ont été soufflées sur une grande distance, jusqu'à 3 ou 4 km au moins. Il n'y a pas d'immeubles d'habitation détruits, mais tous les habitants des bâtiments touchés ont été évacués.

Ce matin, ils étaient dans la rue. Certains sont descendus à pieds à toute vitesse, ils sont en pyjama, ils ont à peine eu le temps de prendre quelques affaires. Parmi eux se trouvent des ouvriers venus d'autres régions de Chine – ici on les appelle les "migrants" – qui dorment sur leur lieu de travail. Eux n'ont personne pour venir les chercher.

Mais l'armée a débarqué pour les prendre en charge, et a monté des tentes. Selon les chiffres officiels, 9 000 personnes ont été évacuées, et 6 000 sont hébergées dans des tentes.

Quel est l'état d'esprit de ces habitants ?

Les gens ne comprennent pas ce qui se passe. Leurs vitres ont explosé, ils ont dû partir de chez eux et se retrouvent dans la rue. Ils sont déboussolés, et en colère. En colère contre les autorités, mais aussi contre les journalistes. Souvent, quand il y a un problème en Chine, les étrangers deviennent la cible. Le cameraman de France 2 a été pris à partie devant l'hôpital, et des familles de victimes ont empêché un journaliste de CNN de tourner.

Sont-ils informés sur la situation ?

Sur les sites officiels, il n’y a quasiment pas d’information, à la télévision non plus. Mais les Chinois sont très connectés. Ceux qui ont eu le temps de prendre leur téléphone en évacuant leur appartement se tiennent informés sur leurs portables et les réseaux sociaux, où les gens postent des photos et des vidéos de ce qui s'est passé.

Y a-t-il des inquiétudes sur la pollution de l'air liée à cette explosion ?

Les autorités sont très vagues sur cette question, et les habitants se posent beaucoup de questions. Dans la rue aujourd'hui, beaucoup de gens portent des masques, même si c'est souvent le cas en Chine. Et c'est vrai que quand on arrive sur place, la fumée vous envahit les poumons. Ça ressemble vraiment à de la fumée toxique, elle vous prend à la gorge.

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