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Kazakhstan : "Ce n'est que le début de la révolution" espère un opposant historique au régime

Réfugié en France, Moukhtar Abliazov estime que les forces de l'ordre ont tué bien plus de manifestants qu'elles ne l'admettent, et que le mouvement de contestation au Kazakhstan va se poursuivre, malgré l'arrivée des Russes pour soutenir le régime.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot et Virginie Pironon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'opposant kazakh Moukhtar Ablyazov est réfugié en France, après sa condamnation pour détournement de fonds publics dans son pays. Une condamnation "politique" pour la cour nationale du droit d'asile. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

Il dort trois heures par nuit. Depuis le début des violences au Kazakhstan, dimanche 2 janvier, Moukhtar Abliazov vit au rythme de ce qu'il décrit comme une révolution dans son pays. L'opposant, en exil en France, dénonce la violence du régime qui a ordonné vendredi 8 janvier de tirer sans sommation, "tirer pour tuer" selon les mots du président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev. La cible : ces milliers de personnes manifestant dans les rues, en colère contre l'augmentation du prix du gaz. 

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Les autorités affirment que 26 "criminels armés" ont été tués, et plus d'un millier de manifestants blessés, tandis que les forces de l'ordre font état de 18 tués dans leurs rangs. Un bilan largement sous-estimé selon Moukhtar Abliazov. "Rien que lorsque les manifestants ont voulu prendre d'assaut la résidence de l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev, les snipers ont tiré sur une cinquantaine de personnes", décrit l'ancien ministre et banquier en exil.

"Je pense qu'il y a eu des centaines de morts."

Moukhtar Abliazov, opposant kazakh

à franceinfo

Sur son téléphone, des vidéos défilent. Elles montrent des sacs mortuaires, innombrables, alignés dans les morgues de deux hôpitaux d'Almaty. Cette ville, capitale économique du pays, est devenue l'épicentre de la colère. Des dizaines de milliers de personnes s'y sont rassemblées depuis le début de la contestation contre la hausse des prix.

Mais ce mouvement vise aussi l'ancien autocrate Nazarbaïev, resté très influent au Kazakhstan. Il a occupé le pouvoir pendant près de 29 ans, de la chute de l'URSS jusqu'en 2019. Sa fortune s'éleverait au moins à "200 milliards de dollars", selon Moukhtar Abliazov. "Le pays est pauvre, alors que lui est richissime. Les gens n'en peuvent plus, ils le haïssent ! Il a volé trente ans de nos vies, il a volé l'avenir du pays. Ils estiment qu'il doit aller en prison."

"La révolution n'est pas finie. Au contraire, ce n'est que le début", veut croire l'opposant. Il reconnait qu'il y a "moins de manifestants [ces derniers jours], mais ce n'est que temporaire, car il y a eu trop de morts." Abliazov rappelle que ce mouvement de contestation est inédit, par son ampleur, dans l'histoire du pays.

Un appel à l'Europe pour sanctionner la Russie

Lui se dit prêt à devenir Premier ministre d'un gouvernement provisoire, sans président. Mais il ne peut pas retourner au Kazakhstan, sous peine d'être immédiatement incarcéré. En 2017, l'ancien oligarque a été condamné en son absence à vingt ans de prison, dans une affaire de détournement de fonds quand il dirigeait la banque BTA. La Cour nationale du droit d'asile française estime que les accusations portées contre lui ont un "mobile politique"

Abliazov dénonce par ailleurs l'appel lancé par les autorités kazakhes à l'attention de Moscou, demandant aux soldats russes de venir ramener l'ordre. Ils ont commencé à arriver, depuis jeudi 6 janvier.

"L'intervention des Russes est une occupation. Il faut se battre pour libérer le pays, pour que Poutine quitte le Kazakhstan."

Moukhtar Abliazov, opposant kazakh

à franceinfo

L'opposant kazakh en appelle à l'Union européenne, pour qu'elle adopte des sanctions rapides à l'encontre de la Russie. Sinon, estime-t-il, elle risque de ne plus jamais repartir.

Rencontre avec l'opposant kazakhstanais Moukhtar Abliazov - Marie-Pierre Vérot et Virginie Pironon

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