Vol MH370 : où en sont les recherches, dix ans après la disparition de l'avion de la Malaysia Airlines ?

Ce vendredi marque les dix ans de la catastrophe aérienne qui a fait 239 disparus lors d'un vol reliant Kuala Lumpur à Pékin, le 8 mars 2014. Franceinfo fait le point sur les investigations.
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Des proches de victimes du vol MH370 écrivent un message sur un mur à Subang Jaya (Malaisie), le 4 mars 2024, à l'occasion des dix ans de la disparition de l'avion de la Malaysia Airlines. (ARIF KARTONO / AFP)

Deux lettres, trois chiffres et un mystère toujours entier. Voilà tout juste dix ans que le vol MH370 de la Malaysia Airlines a disparu, le 8 mars 2014. Parti de Kuala Lumpur, il n'a jamais rallié sa destination, Pékin. A son bord : 239 passagers de 14 nationalités différentes (dont 12 membres d'équipage) qui n'ont jamais été retrouvés. Parmi eux, quatre Français originaires de Seine-Maritime. Franceinfo fait le point sur l'enquête, alors que des proches des victimes continuent de réclamer de nouvelles recherches.

Des premiers débris retrouvés à La Réunion en 2015

Dans les jours qui suivent la disparition du Boeing 777 de la compagnie malaisienne, des  millions de personnes se mettent à sa recherche. Des anonymes du monde entier épluchent des dizaines de milliers d'images satellite et des millions de pages d'internautes scrutant la surface de l'océan défilent sur la plateforme collaborative Tomnod. Le monde se prend de passion pour le vol MH370. Ces passionnés ont même un nom : les "MHistes".

En juillet 2015, soit un peu plus d'un an après la disparition de l'avion, un morceau d'aile refait surface sur une plage de La Réunion. Plus d'un mois après cette découverte, le parquet de Paris confirmer "avec certitude" que ce débris appartenait bien à l'appareil de la Malaysia Airlines. Les expertises menées au laboratoire de la direction générale de l'armement du ministère de la Défense (DGA TA), près de Toulouse, permettent de relever "trois numéros à l'intérieur du flaperon" qui conduisent à une société espagnole sous-traitante de Boeing et située à Séville.

D'autres débris vont ensuite être retrouvés dans la région, certains sont identifiés comme ayant bien appartenu à l'avion disparu. Chacune de ces découvertes fait renaître l'espoir des proches des victimes. Mais les boîtes noires, comme la carcasse du Boeing 777, restent, elles, introuvables.

Des recherches suspendues début 2017...

Au total, plus de 120 000 kilomètres carrés sont passés au peigne fin dans le sud de l'océan Indien. Ce qui fait de cette recherche la plus vaste de l'histoire de l'aviation. L'Australie, la Malaisie et la Chine déboursent 130 millions d'euros dans cette fouille minutieuse des fonds marins. Des centaines d'avions et de bateaux sont mobilisés.

Mais en janvier 2017, les trois pays, d'où sont originaires la majorité des victimes, décident de suspendre leur recherchesUn arrêt jugé à l'époque "totalement incompréhensible" par Ghyslain Wattrelos, originaire de Saint-Aubin-sur-Scie (Seine-Maritime), qui a perdu son épouse et deux de ses trois enfants lors du crash. "Ils ont mis deux ans à retrouver l'appareil qui effectuait le vol Rio-Paris. Pourtant, ils savaient, à peu près, où l'avion était tombé. Ici, au bout de deux ans et demi, on arrête les recherches, alors que l'on ne sait pas où l'avion est tombé. Donc oui, il faut continuer les recherches", réagit-il à l'époque sur franceinfo.

Le 2 juillet 2018, un rapport officiel de près de 500 pages (en PDF) vient finalement clore l'enquête, n'apportant pas de réponses définitives. De quoi nourrir encore un peu plus les théories et spéculations autour de l'un des plus grands mystères de l'histoire de l'aviation civile : suicide du pilote, accident en vol, tir de missile, appareil saboté, passager compromettant, dépressurisation, incendie à bord...

... mais qui pourraient reprendre prochainement

L'enquête sur la disparition du vol MH370 n'est toutefois peut-être pas tout à fait terminée. Le ministre des Transports malaisien, Anthony Loke Siew Fook, a profité d'une cérémonie de commémoration, dimanche 3 mars, pour faire une annonce : les recherches pourraient finalement reprendre. Il a déclaré que le gouvernement allait rencontrer des représentants de l'entreprise américaine de robotique marine Ocean Infinity afin de lancer une nouvelle tentative pour localiser l'appareil. Cette nouvelle a suscité une vague d'espoir auprès des familles des victimes. Pour elles, retrouver la carlingue du MH370 serait une façon de faire leur deuil, dix ans après.

Ocean Infinity, société basée au Texas, a déjà engagé des moyens pour retrouver le Boeing 777, mais ses précédentes explorations des fonds marins se sont révélées infructueuses. "Nous nous sentons désormais en mesure de pouvoir reprendre la recherche du MH370 et nous avons soumis une proposition au gouvernement malaisien, confirme Oliver Plunkett, son directeur général, dans les colonnes du journal malaisien New Straits Times. Trouver le MH370 et apporter une réponse à tous ceux liés à la perte de l'avion est une constante dans notre esprit depuis que nous avons quitté le sud de l'océan Indien en 2018."  

Selon les autorités malaisiennes, l'entreprise proposerait ses services sur le principe du "no cure no fee". Traduction : "Pas de résultat, pas de paiement". C'est-à-dire qu'Ocean Infinity ne sera payée que si elle mène à bien sa mission, et donc qu'elle retrouve l'avion. Elle n'a pour le moment pas donné de détails sur le calendrier, ni sur les nouvelles zones de recherches envisagées.

Une enquête toujours ouverte en France

En France, le parquet de Paris continue lui aussi ses investigations. L'information judiciaire est toujours en cours sous le contrôle d'un magistrat instructeur, a confirmé une source judiciaire à franceinfo. Deux mois après la mystérieuse disparition de l'avion, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour "homicide involontaire", avant de l'élargir pour "détournement d'aéronef aggravé par la mort d'une ou plusieurs personnes". 

Auteurs d'un rapport indépendant publié début 2023 (en PDF), deux experts français assurent que les recherches effectuées dans l'océan Indien n'ont pas été menées au bon endroit. L'ingénieur Jean-Luc Marchand, spécialiste de l'aéronautique, et Patrick Blelly, commandant de bord retraité d'Air France, estiment que l'énigme "pourrait être rapidement résolue" si de nouvelles recherches étaient lancées. Selon eux, l'épave du Boeing 777 pourrait même "être retrouvée en quelques jours".

Ghyslain Wattrelos, lui, reste persuadé que la vérité est dissimulée. Invité de "Télématin" jeudi, le père de famille a lancé un appel à François Hollande, président de la République au moment de la disparition. "Il n'a jamais rien dit sur cette histoire. Il est évident qu'il est au courant et qu'il ne veut pas s'impliquer."

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