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Le Boeing disparu recherché dans "l'endroit le plus inaccessible" sur Terre

Alors que la découverte d'éventuels débris de l'appareil relance l'enquête, retour sur les moyens mis en œuvre et les difficultés d'une telle opération.

Article rédigé par franceinfo
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Photo diffusée par l'US Navy montrant des membres de l'équipage du P-8 Poseidon en poste dans l'avion, le 16 mars 2014. (US NAVY / AFP)

Le Boeing disparu de la Malaysia Airlines reste introuvable, vendredi 21 mars, treize jours après sa disparition. La découverte de débris pouvant appartenir à l'avion du vol MH370, dans l'océan Indien, révélée jeudi, suscite l'espoir. Pourtant, cette piste, jugée "crédible" par l'Autorité australienne de sécurité maritime (AMSA), n'a pas encore porté ses fruits. Le premier avion de recherche revenu de cette zone reculée de l'océan Indien n'a rien vu, selon son capitaine, interrogé jeudi soir.

Pire, le Premie ministre Australien, Tony Abbott, a prudemment rappelé dans la matinée qu'il pouvait s'agir de débris sans lien avec le Boeing disparu : "Cela peut aussi bien être un container tombé d'un bateau. Nous n'en savons rien." 

Pendant que les bateaux et avions envoyés sur place continuent de chercher une aiguille dans une botte de foin, francetv info liste les difficultés avec lesquelles les enquêteurs doivent composer.

Des recherches "au bout du monde"

"Sans doute l'endroit le plus inaccessible que l'on puisse imaginer à la surface de la Terre." Dans une allocution prononcée vendredi, le Premier ministre australien se défend d'avoir annoncé trop tôt la découverte de deux débris au large des côtes de Perth (ouest). Très très loin des côtes de Perth, à plus de 2 246 km. Résultat : les avions ne peuvent survoler la zone de recherche que pendant deux heures, pour ne pas manquer de carburant, avant de devoir regagner la côte. 

"C'est complètement perdu", acquiesce Tim Huxley, directeur de la compagnie de fret maritime Wah Kwong Maritime Transport Holdings, basée à Hong Kong. "C'est vraiment le bout du monde." A tel point que le bateau le plus proche, le navire marchant norvégien Saint-Petersbourg a mis deux jours à se rendre sur les lieux. 

Le navire norvégien "Saint-Petersbourg" dérouté à la demande de l'Australie pour participer aux recherches du Boeing de la Malaysia Airlines. (HOEGH AUTOLINERS / SCANPIX NORWAY / AFP)

Il doit "faire un va-et-vient dans l'espoir de retrouver ce qui a été identifié comme des débris", a indiqué l'armateur Höegh Autoliners. Mais il n'est pas doté de capacités de repêchage en mer. Un navire militaire britannique a donc également été dépêché pour se joindre aux recherches. Son nom : HMS Echo.

Une météo exécrable

Par ailleurs, les mauvaises conditions météorologiques peuvent nuire à la visibilité et compliquer les recherches, comme ce fut le cas jeudi. "Dès qu'on arrive par là-bas, l'influence de l'Antarctique (...) se fait sentir", indique Erik van Sebille, océanographe à l'université de Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney. D'autant plus que l'automne approche dans l'hémisphère sud. "On n'aurait pas pu trouver pire, et le moment de l'année ne pourrait pas lui aussi être plus mal choisi", prévient-il. 

La zone de recherches australienne, sur le site de l'Autorité australienne de sécurité maritime (AMSA), jeudi 20 mars 2014.  (AMSA.GOV.AU)

Enfin, la zone de recherches fait partie de la région la plus battue par les vents de l'océan Indien, abonde Nathan Bindoff, professeur d'océanographie à l'université de Tasmanie.

Une déchetterie marine bousculée par les courants

La zone dans laquelle les objets ont été repérés constitue un "garbage patch" ("un vortex de déchets"). Ce sont "des espaces où s'amassent des milliers de débris qui (...) n'en sortent jamais", explique Le Nouvel Obs. Ces zones sont "de véritables trous noirs", explique l'océanographe Nikolai Maximenko au site Science News. "Une fois que des détritus y sont piégés, ils ne peuvent plus en sortir."

Cependant, les courants y sont nombreux et peuvent être puissants. Ce n'est pas non plus une bonne nouvelle : "Les débris flottants ont peut-être été emportés à 100 km de leur position sur les photographies satellite", a souligné jeudi un spécialiste australien au quotidien britannique The Guardian (en anglais).

Sans compter que "pour déterminer la zone de recherches sous-marines, il faut intégrer à la fois la dérive par les courants de surface des débris flottants et celle de l'épave au fond avec d'autres courants, et cela, depuis le 8 mars, date de la disparition", précise Le Point. L'hebdomadaire rappelle que lors des recherches du vol d'Air France Rio-Paris AF447, le calcul des dérives des courants avait pris deux ans.

Une profondeur abyssale

En moyenne, l'océan Indien atteint 4 200 m de profondeur, mais Le Point relève qu'il comporte des fosses allant jusqu'à 7 450 m. Or, les boîtes noires sont repérables à une distance maximale de 6 000 mètres, et lorsque les sauveteurs sont "presque à la verticale de l'épave", relève l'hebdomadaire.

"La mise en œuvre d'une palette de moyens de détection sous-marins a d'ores et déjà été programmée", rapporte le site air-cosmos.com"D'abord pour la détection et la localisation des signaux acoustiques émis par la balise de localisation sous-marine qui équipe chaque enregistreur de vol." Mais ces signaux peuvent émettre pendant seulement 30 jours.

Enfin, seule la marine américaine est équipée d'hydrophones pouvant les détecter à une profondeur de 6 000 m, poursuit le site. Elle en a deux. Le ministre malaisien de la Défense et des Transports Malaisien, Hishammuddin Hussein, a demandé aux Etats-Unis davantage de moyens d'exploration sous-marine.

D'énormes moyens nécessaires

Un cinquième avion de l'armée australienne a été dépêché sur place. Mais les moyens vont encore se décupler. Parmi les 18 navires, 29 avions et six hélicoptères mobilisés, on peut retenir le P-8 Poseidon, dépêché par la marine américaine. A l'origine, cet avion de surveillance, qui a la particularité de voler à très haute altitude (41 000 pieds, soit 12 500 m), est un fleuron de la Navy, explique Le Nouvel Obs.

Le site de l'hebdomadaire ajoute que cet appareil est notamment équipé d'une ribambelle de capteurs : un radar multi-cibles de surface, un détecteur d'anomalies magnétiques (pour détecter les masses métalliques sous l'eau), un radar à ouverture synthétique (pour détecter le relief) et un système de détection passif (radar n'émettant pas mais détectant un objet à partir d'autres sources comme les stations de radiocommunication). 

Photo diffusée par l'US Navy montrant des membres de l'équipage du P-8 Poseidon en poste dans l'avion, le 16 mars 2014. (US NAVY / AFP)

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