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L’Algérie refuse de classer le Hezbollah «groupe terroriste», la Tunisie divisée

Les six monarchies du Golfe, réunies autour du Conseil de coopération du Golfe (CCG), voulaient un front arabe aussi large que possible sur la condamnation du Hezbollah libanais et son classement comme «organisation terroriste». Ce sera sans l’Algérie, et la Tunisie peut-être.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 24 octobre 2015, lors des cérémonies de l'Achoura à la mémoire de l'Imam Hussein, fils d'Ali tué à Kerbala en 680. (AFP PHOTO / ANWAR AMRO)

Groupe terroriste pour certains, mouvement de résistance pour d’autres, le Hezbollah libanais divise les pays arabes. Les monarchies du Golfe, emmenées par une Arabie saoudite très remontée, ont classé l’organisation chiite comme «groupe terroriste» et demandé aux pays arabes d’en faire de même. Réponse catégorique de l’Algérie : «cela relève des affaires internes du Liban, et du Liban seul». Au nom de la non ingérence, Alger avait déjà refusé de rejoindre une coalition  panarabe armée, imaginée par le président égyptien et financée par l’Arabie saoudite.
 
Deuxième refus donc pour les monarchies du Golfe. Pour le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le Hezbollah est «mouvement politico-militaire qui active sur la scène politique interne au Liban. Nous devons dans le même temps respecter la Constitution du Liban et les dispositions sur lesquelles repose la coexistence dans ce pays».
 

Des miliciens du Hezbollah libanais, qui vient d'être déclaré «organisation terroriste» par les six monarchies du Golfe, aux funérailles d'un des leurs, tombé au combat en Syrie, le 1er mars 2016. (MAHMOUD ZAYYA/AFP)

Guerre sunnites-chiites. «L’Algérie a raison de ne pas s’engager dans cette stratégie de formation d’une sainte alliance contre les chiites. Les pays du Golfe veulent nous entraîner dans une aventure dont eux-mêmes ne maitrisent pas les effets collatéraux», explique, pour TSA, l’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi. Alger met aussi en garde le Hezbollah à «ne pas s’ingérer dans les affaires des autres et d’éviter toute implication dans la déstabilisation de son environnement».
 
 
La Tunisie tiraillée
 
La Tunisie, asphyxiée économiquement, se serait bien passé de cette polémique. «Terroriste» ou pas, le Hezbollah ? Pour le ministre de l’Intérieur, oui, sans aucun doute. Pas si évident que ça, pour le ministre des Affaires étrangères. Réuni à Tunis le 2 mars, le Conseil des ministres arabes de l’Intérieur a confirmé la décision du Conseil de coopération du Golfe (CCG) de classer le parti du Hezbollah libanais comme «organisation terroriste». La Tunisie, par la voix du ministre de l’Intérieur, donne son accord… et déclenche une vive réaction dans le pays.

Aux côtés des Ayatollah Khomeini et Khamenei, le portrait de Hassan Nasrallah (à gauche), secrétaire général du Hezbollah, bras armé de Téhéran au Liban. Il accuse Ryad d'attiser la Fitna (la discorde) entre sunnites et chiites. (MAHMOUD ZAYYAT/AFP)

La centrale syndicale Union générale tunisienne du travail (UGTT), décorée du prix Nobel de la paix en 2015 pour son rôle joué dans la révolution puis la transition tunisienne, a appelé le gouvernement tunisien à se désolidariser de la décision des monarchies. «Y a-t-il un leadership politique dans ce pays ? A-t-on décidé de nous joindre à l’alliance saoudienne dans la guerre sunnite-chiite ? Où sont les bases de notre politique étrangère ? », s’indigne de son côté le secrétaire général du parti Afek Tounes, Faouzi Ben Abderrahman.
 
Face au tollé, le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, relativise la position de son collègue de l’Intérieur et affirme que la position officielle relève du président de la République. Qui ne s’est pas exprimé sur cette question.

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