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Guantanamo se vide peu à peu de ses prisonniers africains
Il espère pouvoir mener désormais une vie paisible. Le Mauritanien Ahmed Ould Abdel Aziz a enfin retrouvé sa famille. Un avion américain l’a déposé à Nouakchott, le 28 octobre 2015, après 13 ans passés derrière les barreaux du pénitencier de Guantanamo. Le gouvernement mauritanien ne retient aucune charge contre lui.
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Selon une fiche classée secret-défense mais révélée par Wikileaks, Ahmed Ould Abdel Aziz, 45 ans, avait prêté allégeance à Oussama Ben Laden en 1999 et combattu en Afghanistan dans les rangs d’al-Qaïda.
Il était l’un des deux Mauritaniens détenus à Guantanamo, avec Mohamedou Oul Slahi, qui y demeure prisonnier depuis 13 ans. Ce dernier est placé dans un isolement total, selon Ahmed Ould Abdel Aziz qui a eu des contacts avec lui. «Nous nous sommes parlés, mais nous avions besoin de crier fort pour nous faire entendre, vu l’étanchéité de la cloison qui nous séparait», a-t-il confié à l’AFP. Le gouvernement mauritanien s’est engagé à poursuivre ses efforts pour sa remise en liberté.
Deux détenus algériens parmi les oubliés
Le centre de détention de Guantanamo avait ouvert ses portes le 11 janvier 2002. Plus de 778 détenus de plusieurs pays avaient été transférés sur cette base militaire navale américaine à Cuba.
Parmi eux figuraient 31 détenus algériens. Selon une liste rendue publique le 20 septembre 2015 par le Pentagone, seulement deux Algériens croupissent encore dans ce pénitencier.
La ligue algérienne des droits de l’Homme dénonce une grave atteinte aux droits humains: «La prison de Guantanamo est devenue le visage des responsables du département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique en pleine crise de confiance et de valeurs morales. Le chemin sera très long pour que les USA puissent gagner à nouveau la confiance des peuples», écrit Houari Kaddour, secrétaire national de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme. Il appelle les Etats-Unis à mettre fin «à cette parodie de justice et aux détentions indéfinies et sans jugement de Guantanamo».
Soudanais libérés au compte-gouttes et sans aucun jugement
Les derniers prisonniers soudanais de Guantanamo ont été libérés et rapatriés à Khartoum en décembre 2013. Mohamed Nor Osman et Ibrahim Osman Ibrahim ont passé 15 ans dans la célèbre prison. En tout, neuf prisonniers soudanais ont été détenus à Guantanamo parmi lesquels le journaliste d’Al-Jazira Sami-Al-Haj.
Libéré en 2008 après six ans de détention, le journaliste soudanais avait été soumis à 150 interrogatoires et régulièrement torturé. Il avait été nourri de force à plusieurs reprises alors qu’il avait entamé une grève de la faim.
Tunisiens renvoyés dans des pays tiers
En mai 2013, cinq Tunisiens qui n’ont jamais été inculpés d’aucun crime étaient encore détenus par les Américains. Parmi eux, deux ont été transférés au Kazakhstan, en Asie centrale, en décembre 2014. Un troisième détenu, Abdoul Bin Muhammad Abbas Ouerghi, a été accueilli par le Paraguay qui a passé un accord avec Washington pour recevoir des détenus de Guantanamo. Il était soupçonné par le Pentagone d’avoir été formateur en explosifs pour al-Qaïda. L'ex-prisonnier tunisien réclame aux Etats-Unis une indemnisation après toutes ses années de captivité.
Il resterait aujourd’hui plus de 120 prisonniers, pour la plupart des Yéménites, encore captifs à Guantanamo. Parmi eux, le journal New York Times cite quelques Africains: le Libyen Abu Faraj al-Libi, considéré comme le N°3 d’al-Qaida, et le Somalien Gouled Hassan Dourad qui serait lié aux préparatifs de l’attentat du 11-Septembre.
Pour ces hommes, c’est la détention illimitée, quand bien même aucune preuve n’existe pour les inculper, précise le New York Times.
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