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Daech peine à recruter et à s’implanter en Algérie

Les organisations extrémistes, notamment Daech, auraient réussi à recruter près de 7.000 Tunisiens, 1.500 recrues marocaines et (seulement) 250 Algériens. Selon Irin, réseau mondial d'information spécialisé dans la couverture des crises humanitaires, l’organisation djihadiste Etat islamique peine à recruter et à s’implanter en Algérie.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Policier sur les hauteurs d'Alger (AFP)

Les chiffres sont surprenants. Entre 6.000 et 7.000 Tunisiens, 1.200 et 1.500 Marocains et entre 200 et 250 Algériens auraient cédé à l’appel des organisations djihadistes, notamment l’Etat islamique (Daech/EI). S'appuyant sur des chiffres publiés en décembre 2015 par The Soufan Group, entreprise américaine spécialisée en sécurité et en renseignements fournis aux gouvernements, le réseau mondial d'information Irin (Integrated regional information networks) dresse un état des lieux en Afrique du Nord en matière de terrorisme.


«L’Algérie est-elle immunisée contre les stratégies de recrutement de l’EI?», s’interroge Irin qui affirme que l'Algérie est le pays le moins touché dans le monde par le recrutement terroriste, en dépit de sa proximité géographique avec des régions vulnérables à l’extrémisme.
 
Que pèse Daech en Algérie ? L’unique groupe se présentant comme appartenant à l’Organisation de l’Etat islamique après son allégeance est Jund Al-Khalifa qui s’est rendu tristement célèbre en enlevant et en tuant le guide de montagne français Hervé Gourdel. Le groupe a été décimé par l’Armée algérienne en mai 2015. Depuis, les tentatives de recomposition ont été avortées, comme lors des opérations militaires à Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou.  

Capture d'écran (DR)

L’exemple syrien et/ou libyen
Dalia Ghanem-Yazbeck, spécialiste du terrorisme chez Carnegie Middle East Center, explique que l'expérience vécue par les Algériens durant la décennie noire, 1991-2001, «reste fraîche dans la mémoire collective et fonctionne comme une forme de dissuasion psychologique». Près de 200.000 Algériens avaient trouvé la mort dans la guerre civile entre l’Etat algérien et les groupes islamistes armés.
 
«La guerre a été un traumatisme important pour la population algérienne. Les gens ont encore peur et ils ne veulent pas que cela se reproduise. Les images qui nous arrivent aujourd’hui de la Libye et de la Syrie sont des rappels quotidiens de ce que des millions d’Algériens ont vécu», analyse la chercheuse.

 
«Il est intéressant de constater que l’âge moyen de ceux qui ont commis des crimes terroristes en Algérie dans les 10 dernières années est de 39 ans. Ce sont des gens qui sont issus de ce qui reste (des groupes radicaux), et non des nouvelles recrues», observe Akram Kharief, journaliste expert des questions sécuritaires, cité par Irin.

 
«Nous avons contré toutes leurs tentatives. Nos forces de sécurité ont été mobilisées durant les trois dernières années pour sécuriser les frontières Est avec la Libye et celles du Sud avec les pays du Sahel», note l’ambassadeur d’Algérie à Washington, Madjid Bouguerra.

La défaite imminente du groupe terroriste autoproclamé Etat Islamique à Syrte suscite beaucoup d’interrogations sur les pays où les éléments de ce groupe pourraient se réfugier. Cinq Libyens armés ont été arrêtés vendredi 30 septembre 2016 en Algérie près de la frontière libyenne à bord de trois véhicules tout terrain et en possession d’armes de guerre. 

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