Soudan : l'ONG Human Rights Watch met en garde contre un "possible génocide" au Darfour

Depuis plus d'un an, le Soudan est en proie à une guerre entre l'armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un marché incendié à al-Fasher, la capitale du Darfour (Soudan), le 2 septembre 2023. (AFP)

Des tortures de masse, des viols et des pillages... Une série d'attaques menées par les forces paramilitaires soudanaises dans la région occidentale du Darfour "soulève la possibilité" d'un "génocide" contre des communautés ethniques non arabes, affirme l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi 9 mai.

Il documente comment, de fin avril à début novembre 2023, les Forces de soutien rapide (FSR) et des milices alliées, qui s'opposent dans cette guerre à l'armée régulière du pays, ont mené au Darfour "une campagne systématique visant à expulser, notamment en tuant, les habitants de l'ethnie massalit". Les violences ont culminé à la mi-juin, lorsque des milliers de personnes ont été tuées en quelques jours, et ont de nouveau augmenté en novembre.

L'ethnie massalit visée

Des avocats locaux spécialisés dans les droits de l'homme ont déclaré que les combattants s'en prenaient en premier lieu à "des membres éminents de la communauté massalit", notamment des médecins, des défenseurs des droits de l'homme, des dirigeants locaux et des représentants du gouvernement. HRW ajoute que les assaillants "ont méthodiquement détruit les infrastructures civiles vitales" dans les communautés déplacées.

Des images satellite montrent que, depuis juin, les quartiers majoritairement massalits de la ville ont été "systématiquement démantelés, beaucoup à l'aide de bulldozers, empêchant les civils qui ont fui de rentrer chez eux", ont-ils précisé. Selon l'ONG, "l'objectif apparent" des attaques était "au moins de les pousser à quitter définitivement la région", ce qui "constitue un nettoyage ethnique". 

HRW a appelé à une enquête sur l'intention génocidaire et à des sanctions ciblées contre les responsables. L'ONG a exhorté les Nations unies à "élargir l'embargo sur les armes imposé au Darfour pour couvrir l'ensemble du Soudan". La Cour pénale internationale, qui enquête actuellement sur les meurtres à caractère ethnique commis principalement par les FSR au Darfour, dit avoir des "raisons de croire" que ces paramilitaires, de même que l'armée, commettent des crimes qui s'apparentent au génocide, aux crimes contre l'humanité et aux crimes de guerre.

Depuis plus d'un an, le Soudan est en proie à une guerre entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti". La guerre a fait des dizaines de milliers de morts.

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