Zimbabwe : 135 000 enseignants en grève suspendus par le gouvernement
Ils ne s'étaient pas présentés à la rentrée des classes le 9 février 2022 pour protester contre la forte baisse de leur niveau de vie.
De nombreuses écoles au Zimbabwe sont à l'arrêt depuis une semaine après la suspension par le gouvernement de 135 000 enseignants qui ne se sont pas présentés à la rentrée des classes, pour des raisons salariales.
Les professeurs gagnent l’équivalent de 90 euros par mois, même pas de quoi payer, pour certains d'entre eux, les trajets entre leur domicile et l'école.
Le conflit salarial entre enseignants et gouvernement dure depuis que Harare a décidé, il y a trois ans, de verser les salaires non plus en dollars américains mais dans la monnaie locale fortement dévaluée par une inflation galopante. Ce mouvement toucherait, selon les syndicats, 90% des enseignants travaillant dans les écoles publiques du pays. Le ministère de l'Enseignement primaire et secondaire, Tumisang Thabela, a menacé les enseignants en grève d'une suspension de salaire de trois mois.
Revenir au niveau de salaire de 2018
"L'enseignant le moins bien payé gagne environ 80 dollars américains. Nous voulons des salaires équivalents à ceux du temps de Mugabe, soit 540 dollars", a réclamé Takavafira Zhou, président du syndicat progressiste des enseignants. Les autorités zimbabwéennes auraient proposé une augmentation de salaire de 20% et une allocation Covid-19 de 100 dollars.
"Les enseignants ne reprendront pas le travail. Payez-nous ce que nous avons demandé et nous serons au service du pays. Sans cela, cela va être difficile", a déclaré le secrétaire général du Progressive Teachers Union of Zimbabwe (PTUZ), Raymond Majongwe, repris par la site de presse New Zimbabwe.
L'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe qui a régné d'une main de fer pendant des décennies soutenait particulièrement le secteur de l'éducation pour lequel il avait de fortes ambitions. Malheureusement, l’ancien président avait dans le même temps largement contribué à l’effondrement de l’économie du pays, notamment en imposant une réforme agraire trop brutale, qui a ruiné l’agriculture du Zimbabwe autrefois considéré comme le grenier à blé de l’Afrique australe.
Hyperinflation et chute de la monnaie
En septembre 2020, les enseignants avaient déjà lancé un mouvement similaire. Les grèves de professeurs, d'infirmières et de médecins pour réclamer de meilleurs salaires sont fréquentes dans ce pays d'Afrique australe en crise, caractérisé par une hyperinflation et à l'écroulement de la monaie locale.
L'économie du Zimbabwe est en récession depuis plus de dix ans. Le président Emmerson Mnangangwa, qui a succédé à Robert Mugabe à la suite d'un coup d'Etat en 2017, a jusqu'ici failli à sa promesse de relancer l'économie.
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