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Sierra Leone: corruption à tous les étages

Les Sierra-Léonais élisent leur président le 31 mars 2018, lors d’un second tour. Le duel oppose le candidat du parti au pouvoir (APC) Samura Kamara à celui du principal parti d’opposition Julius Maada Bio. Deux hommes qui n’échappent pas aux accusations de corruption, un fléau qui gangrène le pays.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

Malgré toutes les campagnes et tous les engagements, la corruption continue à sévir en Sierra-Léone. Le phénomène est omniprésent dans ce pays pauvre d’Afrique de l’ouest qui se trouve à la 130e position sur 180, selon le dernier classement de l’«Indice de perception de la corruption» de l’ONG Transparency International.
 
Payer en espèces
En Sierra Léone, le paiement d’un supplément fait partie du quotidien comme l’explique explique à l’AFP, une directrice d’ONG. «Que vous  vouliez vous relier au réseau d’électricité, acheter un terrain, ou obtenir une bourse pour étudier à l’étranger…»  précise Lavina Banduah, de Transparency International. Il est impossible de parler de corruption sans citer la police comme en témoigne un conducteur de bus. «Ils prétendent quand on a commis une infraction sans preuve et le véhicule est immobilisé», dit-il.
 
Payer en nature
La corruption touche tous les secteurs du pays et le paiement de cette taxe invisible prend parfois une autre forme. Dans l’éducation par exemple, et notamment dans les lycées et les universités, la transaction se fait «en nature» pour trafiquer des notes ou faciliter un examen. «Des professeurs se laissent séduire par des étudiantes et certaines étudiantes préfèrent séduire leur professeur qu’étudier», témoigne un jeune homme qui avait été recalé à un examen parce qu’il n’avait pas les moyens de payer l’argent réclamé.  
 
Une Commission anti-corruption
Face à ce fléau, les autorités ont mis en place une Commission chargée de prévenir et de réprimer la corruption. Depuis quelques années, un numéro gratuit permet de dénoncer les cas les plus graves.
En février dernier, quatre hommes ont été condamnés pour avoir détourné de l’argent destiné aux victimes de l’épidémie d’Ebola. Seulement voilà, la corruption à grande échelle reste difficile à combattre «parce qu’on ne voit pas les échanges d’argent».
 
Les deux candidats à la présidentielle sont d’ailleurs suspectés de corruption. Le candidat du pouvoir Samura Kamar, qui est un ancien ministre, est surnommé «Monsieur 10%» et son rival de l’opposition, Julius Maada Bio, est accusé d’avoir détourné des millions de dollars lors de son bref passage à la tête de l’Etat en 1996. 

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