Coronavirus au Zimbabwe : couvre-feu, reconfinement strict et arrestation des opposants
Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a décrété un couvre-feu et réinstauré un reconfinement strict. Les voix dissidentes ont été jetées en prison.
Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a décrété le 21 juillet un couvre-feu et réinstauré des mesures strictes de confinement pour tenter d'endiguer la propagation du nouveau coronavirus, après une brusque hausse des cas.
Le nombre de contaminations recensées dans ce pays d'Afrique australe, dont le système de santé publique est en ruine après des années de sévère crise économique, a augmenté de près d'un tiers au cours de la semaine écoulée, pour atteindre 1 713 cas. Le nombre de décès est lui passé de 18 à 26.
Over 736,000 confirmed #COVID19 cases on the African continent - with more than 392,000 recoveries & 15,000 deaths. View country figures & more with the WHO African Region COVID-19 Dashboard: https://t.co/V0fkK8dYTg pic.twitter.com/1ugJCxJocI
— WHO African Region (@WHOAFRO) July 21, 2020
"Nous devons cesser d'être complaisants et cela requiert des mesures urgentes et décisives", a déclaré le président Mnangagwa dans une adresse à la Nation.
Ces mesures urgentes et nécessaires vont entraîner une limitation des libertés dont nous avons toujours joui et auxquelles nous sommes habitués
Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwediscours à la Nation
Couvre-feu
A compter de ce mercredi 22 juillet, les forces de sécurité feront appliquer un couvre-feu entre 18h et 6h. Durant la journée, "tous ceux qui ne travaillent pas" devront rester chez eux et n'auront le droit de sortir que pour acheter de la nourriture ou se faire soigner, a en outre expliqué le chef de l'Etat. Les déplacements interurbains et les rassemblements de plus de 50 personnes – festifs, religieux ou politiques – restent interdits.
Pour tenter d'enrayer la progression de l'épidémie, le président Mnangagwa avait initialement instauré le 30 mars un confinement de 21 jours, interdisant les rassemblements importants et ordonnant la fermeture de la plupart des commerces, à l'exception des magasins d'alimentation. En mai, il avait assoupli certaines mesures, permettant à certaines entreprises de rouvrir.
Les opposants en prison
Le renforcement du confinement a pour effet d'interdire de fait une manifestation prévue le 31 juillet par un opposant, Jacob Ngarivhume, contre la corruption de l'Etat et la dégradation de l'économie. Jacob Ngarivhume a été arrêté le 20 juillet par la police, en même temps qu'un journaliste d'investigation et documentariste, Hopewell Chin'ono.
The arrests of Zimbabwean journalist Hopewell Chin'ono and opposition politician Jacob Ngarivhume have seen widespread outrage. Rashid Mahiya is the chairperson of the Zimbabwe Crisis Coalition. #DStv03 pic.twitter.com/uwDZAcGrzE
— eNCA (@eNCA) July 22, 2020
Hopewell Chin'ono (lien en anglais) a récemment dénoncé ce qu'il appelle le "Covidgate", des faits présumés de corruption liés à des fonds dédiés à la lutte contre le nouveau coronavirus, mettant en cause le fils du président. Les deux hommes ont été inculpés d'incitation à la violence publique.
Corruption
"Les autorités zimbabwéennes ne devraient pas arrêter les militants anti-corruption. Au contraire, elles devraient prendre des mesures sincères et authentiques pour mettre fin à la corruption. En conséquence, nous appelons les autorités zimbabwéennes à libérer Hopewell Chin’ono et Jacob Ngarivhume immédiatement et abandonner ces accusations motivées par des considérations politiques", note Dewa Mavhinga (lien en anglais), responsable de Human Rights Watch pour l'Afrique australe.
Instead of cracking down on anti-corruption journalists & activists, the #Zimbabwe government should investigate & prosecute those engaged in corruption. @PacheduZW @hrw @euinzim @UKinZimbabwe @UNZimbabwe @263Chat @bustoptv @jngarivhume @Wamagaisa https://t.co/gYX1L8fLFv
— Dewa Mavhinga (@dewamavhinga) July 21, 2020
Le pays est secoué par un scandale financier et l'opposition crie à la corruption au sommet de l'Etat. Le ministre de la Santé, Obadiah Moyo, a été inculpé de corruption fin juin pour l'octroi irrégulier d'un contrat de plus de 20 millions de dollars à une société étrangère pour la fourniture de tests de dépistage et de protection contre la pandémie...
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