Depuis 20 ans, un collectif traque les génocidaires du Rwanda encore cachés en France : "Ce sont des gens qui nous signalent"

Alors que le génocide des Tutsi sera commémoré à partir de dimanche, un collectif fait la chasse aux bourreaux présents sur le sol français. Il estime qu'une centaine de génocidaires ont trouvé refuge dans l'Hexagone.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Alain Gauthier et sa femme, le 26 mars 2024. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

Trente ans après le début du génocide des Tutsi au Rwanda, qui sera commémoré dimanche 7 avril, les rescapés des massacres attendent toujours que les responsables soient trouvés et jugés. Des dizaines et des dizaines de bourreaux ont trouvé refuge en France et se cachent toujours parmi la population en toute impunité. Depuis des années, un collectif s'est donc attelé à traquer les génocidaires rwandais sur le sol français.  

C'est notamment le combat qu'Alain Gauthier mène depuis 20 ans : chasser les génocidaire Rwandais avec son code civil sous le bras et sa lourde valise remplie de témoignages de victimes. Président de l'association Le collectif des parties civiles du Rwanda, ill estime qu'une centaine de bourreaux vivent encore cachés en France. 

"Soit ce sont des gens que l'on nous signale à partir du Rwanda, soit on en entend parler ici", explique-t-il. "Je pense notamment au gendarme 'Biguma' qui a été jugé l'année dernière et qui va être jugé en novembre en appel. C'est une lettre anonyme qui nous est arrivée à la maison nous signalant sa présence dans la région de Rennes en nous donnant son adresse exacte, se rappelle-t-il Et à partir de là, on a cherché à savoir où il avait commis des crimes et on s'est rendu sur les lieux des crimes et là on a rencontré un nombre très important de rescapés".

Une justice trop lente

Six procès ont déja eu lieu en France depuis le génocide, mais la justice est trop lente, déplore Alain Gauthier : "Il y a eu la réconciliation, ce sera de plus en plus difficile".

"Le temps passe, les témoins disparaissent, d'autres ne veulent plus parler, ont tourné la page, d'autres vont nous dire que, même si ce sont des familles de victimes, ils ont pardonné".

Alain Gauthier, fondateur du collectif

à franceinfo

Pourtant le pôle crime contre l'humanité du parquet de Paris a travaillé avec acharnement ces dernières années. La procureure Aurelia Devos l'a dirigé pendant dix ans et regrette que ces dossiers ne soient pas une priorité. "Je crois qu'il y a une vraie volonté, il y a un vrai élan, mais ce sont des dossiers qui sont très chronophages et qui nécessitent un vrai engagement, sachant qu'il y a beaucoup d'autres dossiers en cours et que là, on est vraiment dans une situation où beaucoup de dossiers sont laissés de côté et ne sont pas sous enquête. Les juges font ce qu'ils peuvent", juge-t-elle.

Entre 2012 et 2024 les dossiers du pôle ont plus que quadruplé et les zones se sont multipliées note Aurelia Devos. Il reste une trentaine de dossiers à instruire sur le Rwanda sur les 90 au total, avec seulement trois juges d'instruction.

Rwanda : la recherche de génocidaires en France - Reportage de Gaële Joly

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