Vu d’Afrique : Donald Trump "viré", Joe Biden "attendu"
Donald Trump n’a pas mis les pieds en Afrique pendant son mandat et a qualifié certains Etats de "pays de merde". La presse africaine n'est pas tendre avec lui.
Le quotidien burkinabè L'Observateur Paalga n’a pas la mémoire courte et ne cache pas son soulagement après la défaite de l’encore actuel locataire de la Maison Blanche. "Malgré les subtilités du langage diplomatique, on imagine combien du Caire au Cap, de Dakar à Mogadiscio, les chefs d’Etat africains sont particulièrement soulagés de la victoire de Joe Biden, à moins qu’ils ne se réjouissent plutôt de la défaite de Donald Trump", écrit-il. Et de poursuivre : "Le président Trump n’aura été donc qu’une petite parenthèse de 4 ans. Le milliardaire de 74 ans, qui était entré presque par effraction dans le Bureau ovale, vient en effet d’être défenestré ou du moins 'viré' pour reprendre sa formule fétiche du temps où il était une star de téléréalité, au grand soulagement de la majorité de ses compatriotes et presque de la planète entière."
"Tourner la page Trump"
"Le multilatéralisme devra se réinventer", observe le quotidien sénégalais Le Soleil. "Avec les coups de semonce des quatre années de la présidence Trump, le multilatéralisme espère une cure de jouvence et même un élan de relance avec l’arrivée au pouvoir aux Etats-Unis de Joe Biden. (...) L’arrivée de Joe Biden au pouvoir en remplacement de Donald Trump, perçue comme une aubaine, peut ne pas être une solution à la crise structurelle que le multilatéralisme a traversée à un certain moment", avertit le quotidien dakarois.
A Tunis, Le Temps pousse un ouf de soulagement et appelle les Etats-Unis à un examen de conscience. "Il s'en est fallu de peu. (...) Le pays 'le plus puissant au monde' a aujourd'hui, du moins sur le plan intérieur, l'occasion d'opérer son examen de conscience. Et de se racheter. En se sauvant de lui-même, car il constitue, à n'en pas douter, son propre péril."
"L'embellie sous Trump"
La défaite de Donald Trump est-elle une mauvaise nouvelle pour le Maroc ? Le site Yabiladi s'interroge et titre Administration Biden : Le retour de proches Obama, une menace pour les intérêts du Maroc ? "Sous le second mandat du démocrate Barack Obama (2013-2017), les relations entre le Maroc et les Etats-Unis ont connu trois grands moments de crise sur la question du Sahara occidental et les droits de l'Homme. Avec Joe Biden, également démocrate, quelle sont les risques qui planent sur la relation entre Rabat et Washington ?" Et de rappeler : "Après le départ d'Obama, les relations entre Rabat et Washington se sont apaisées. Le Maroc a d'ailleurs considérablement consolidé ses liens avec le Pentagone ces dernières années."
"Pays de merde"
Unique chef d'Etat à soutenir Donald Trump après sa sortie sur "les pays de merde", le président ougandais Yoweri Museveni a pris acte de la nouvelle donne et félicite Joe Biden. "Les Etats-Unis, avec leur population noire de 47,4 millions d'habitants, ainsi qu'une importante population chrétienne liée à nous par la foi, pourraient facilement être un allié naturel de l'Ouganda et de l'Afrique", a-t-il tweeté. Dans un éditorial au vitriol, Daily Monitor (lien en anglais) va à l'encontre du président avec un titre moqueur (Thank you Mr Donald Trump).
H.E. @JoeBiden,
— Yoweri K Museveni (@KagutaMuseveni) November 8, 2020
President-Elect of the USA. Congratulations and greetings from the People of Uganda. The USA, with its black population of 47.4m people, as well as a large Christian population linked with us by faith, could easily be a natural ally of Uganda and Africa.
La Chine à l'affût
Pour sa part, le quotidien algérien El Watan note que la Chine a profité de l'isolationnisme des Etats-Unis pendant le mandat de Donald Trump. "Avec l’élection de Joe Biden, les Etats-Unis prendront-ils un virage sur la scène mondiale, notamment en Afrique ? Assistera-t-on à une volte-face de l’actuelle politique étrangère américaine vis-à-vis du continent africain ou y aura-t-il une continuité ? En Afrique, les Etats-Unis ont du retard sur la Chine."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.